6 juin 2019
– 5 min de lecture
Clément Lefranc
Senior Manager Architecture
#Batch, #ETL, #EAI, #ESB, #API… d’année en année depuis plus de 20 ans les professionnels de l’intégration ont développé et fait évoluer leurs produits pour accompagner les nouveaux modèles d’architectures.
A l’ère du #Cloud, un nouveau produit tisse progressivement sa toile : l’iPaaS.
Faciliter l’intégration des applications dans un écosystème hybride (Cloud to Cloud, Cloud to OnPrem) est la promesse phare de ces integration-Platform-as-a-Service.
Quels sont les acteurs de ce nouveau segment ? Quelle est la philosophie de leur produit ? Quels patterns d’intégration supportent-ils ? Ont-ils vocation à remplacer les solutions historiques OnPrem ? autant de questions que nous pouvons nous poser.
Ces quelques minutes de lecture vous donneront à la fois une vision théorique et concrète du marché et des concepts issus d’une démarche d’Appel d’Offre et de Proof-Of-Concept.
[Le marché] Se réinventer pour survivre
IBM, Informatica, TIBCO, Talend, Axway sont des grands noms de l’intégration parmi tant d’autres dans cet écosystème foisonnant.
Chacun propose une ou plusieurs solutions (IBM Datastage PX, IBM WebSphere TX, Informatica PowerCenter, TIBCO Business Works, TIBCO Mashery, Axway Amplify, …) pour couvrir tous les besoins d’intégration applicative des grandes entreprises.
Ces besoins ayant émergé successivement d’année en année, les DSIs ont lancé des programmes IT dont la résultante est un millefeuille de progiciels d’intégration différents, avec des recoupements fonctionnels et une multiplicité d’interfaces de conception / management / supervision / monitoring.
Autant dire que la simplicité et l’agilité ne sont pas au rendez-vous.
Ces solutions s’appuyaient sur une palette de connecteurs out-of-the-box mais surtout sur de grands bus d’entreprise monolithiques qui ont fait couler beaucoup d’encre (et sûrement de larme et de sueur). Cette architecture pouvait satisfaire les intégrations Ground to Ground au sein d’un même SI mais elle se confronte désormais :
- A la recherche de modularité,
- A l’ouverture du SI (Cloud, partenaire, …),
- A l’augmentation prévisible ou non de la charge d’intégration (scalabilité) (OpenData, IoT, …),
- A l’agilité introduit avec les démarches DevOps et l’outillage CI/CD,
- Au shadow IT pratiqué par les métiers qui souhaitent aller vite sur des cas d’intégration simple,
- …
La société Boomi, spécialisée initialement dans les échanges EDI, est l’instigatrice de ce nouveau mouvement iPaaS lancé en 2007. Rachetée par Dell en 2010, Dell Boomi truste la place de leader du marché.
Pour répondre à cette concurrence, les éditeurs historiques ont créé à leur tour des offres iPaaS sur la base de leurs solutions existantes. Simple rebranding ou véritable nouvelle offre ?
En parallèle de ces éditeurs bien ancrés, des acteurs born to be Cloud (à l’instar de Moskitos) apparaissent désormais dans le Magic Quadrant Gartner.
[Le concept] Une boîte à outils survitaminée
Bien malin celui qui pourra vous donner une définition unanime d’un iPaaS. Nous pouvons cependant la qualifier de plateforme d’intégration unifiée administrée dans le Cloud pour répondre simplement et facilement à tous les besoins d’intégration* : ETL, EAI/ESB, EDI, API, MOM, MFT.
Certaines offres affichent également des capacités autour du Master Data Management, du Workflow Management et du développement d’applications Web.
Un véritable couteau suisse de l’intégration en somme qui théoriquement pourra :
- Etre mis en production en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire,
- Faciliter la création des flux d’intégration grâce à une approche LOW CODE avec du glissé-déposé. Vous rêviez de créer un flux moyen (transformation / composition) en moins de 2 jours, ils l’ont fait,
- Rationaliser très fortement vos outils d’intégration actuels,
- Simplifier la gouvernance et l’exploitation de la plateforme et de vos flux grâce à une plateforme centrale unifiée,
- S’intégrer dans votre démarche DevOps et vos outillages CI/CD grâce à leur approche API Led / API First.
* Les éditeurs ne se cachent pas derrière ces grandes lignes et assument pleinement de ne pas offrir la même couverture fonctionnelle et le niveau de performance des solutions spécialisées (exemple : Dell Boomi MoM versus le bus SOLACE). Ce point n’est pas bloquant et sera totalement compensé par l’adoption d’une stratégie Hybrid Integration Platform (HIP) que nous détaillerons dans un second article.
[Architecture] Une architecture au goût du jour
En quête de simplicité de mise en oeuvre et d’agilité, les offres iPaaS trouvent leur essence dans les capacités offertes par le Cloud.
Cependant deux degrés de Cloudification s’opposent :
- Le Cloud ou rien (Moskitos) : chaque flux d’intégration est orchestré dans le Cloud. Des agents techniques assurant la connectivité et les transformations sont déployés au plus près des applications sources et cibles. Ces agents techniques sont orchestrés par la plateforme centrale qui exécute les flux. Aussi chaque donnée métier, sensible ou pas, transite par votre plateforme iPaaS dans le Cloud. Cette architecture est pertinente pour les échanges Cloud-to-Cloud ou Cloud-to-On Premise. En revanche elle est peu pertinente par la latence induite, la dépendance à la connectivité internet et les enjeux de sécurité pour les échanges On Premise-to-On Premise.
- L’hybridation avec un modèle distribué (Mulesoft, Dell Boomi) : les flux s’exécutent en toute autonomie sur les agents techniques (microservices) distribués au coeur du SI (On Premise, partenaire, Cloud). Ces agents techniques remontent des métadonnées vers la plateforme centrale disponible en SaaS qui permet de les manager.
La plateforme SaaS est :
- Soit autosuffisance (Dell Boomi) pour créer des processus d’intégration simple/moyen/complexe et les déployer en un clic sur l’agent technique de votre choix pour sa future exécution. Le concept de Low Code est poussé à son paroxysme. En cas de besoin de transformation exotique, la plateforme SaaS dispose d’un éditeur de code en ligne (Python, Groovy) pour développer la fonction adéquate (qui pourra être réutilisée sur étagère dans vos autres processus d’intégration).
- Soit plus limitée (Mulesoft, Moskitos, …) et il vous sera nécessaire d’utiliser un environnement local développeur (IDE, Éclipse ou autre) pour développer vos processus (avec une moins bonne gestion du Low Code) et finalement les sauvegarder sur le Cloud (Moskitos) soit les exporter en .jar (Mulesoft) en fonction de l’architecture de la plateforme.
[Licensing] J’aurais bien besoin d’un FinOps
Le modèle de souscription annuelle “as-a-service” de ces plateformes offre bien des avantages mais également des difficultés lorsque vient la comparaison des différentes offres du marché.
Effectivement chacune s’appuie sur des métriques de licensing fines qui lui sont propres :
- Facturation au nombre de User Développeur / User Métier,
- Facturation au nombre de connexions techniques unitaires,
- Facturation au nombre de partenaires EDI,
- Facturation au nombre de transaction par seconde,
- …
Quand d’autre facture pour la mise à disposition d’une typologie de plateforme (small, medium, large) peu importe le nombre d’applications connectées, peu importe le nombre d’utilisateurs développeurs/métiers et peu importe le nombre de flux processés. La métrique la plus restrictive est ici la volumétrie des données qui transitent par la plateforme Cloud.
Il saute aux yeux que le premier modèle sera difficilement prédictif :
- Combien de clients ont suffisamment de métriques sur leur existant : nombre de connexions, nombre de flux, nombre de specialist integrator / citizen integrator, …
- Combien de clients ont une vision claire et arrêtée sur leur démarche de transition, sur l’accostage des nouveaux projets pour projeter le ramp up de la plateforme et ses coûts.
Cette connaissance est néanmoins primordiale pour deux raisons :
- L’effet de volume induit un levier de négociation possible avec l’éditeur,
- Une vision claire de ces métriques peut mettre en exergue un modèle de facturation éditeur qui n’est pas du tout adapté à votre contexte (qui voudrait payer 20M€ pour s’intégrer avec ses 4000 partenaires en EDI ?). Un nouveau modèle doit alors être pensé.
Certains produits du marché sont une véritable révolution soit par leur approche, soit par leur maturité et simplicité d’utilisation. Un véritable atelier de génie logiciel vous permet au travers d’une plateforme centrale unifiée de réduire grandement la complexité de conception, de documentation, de déploiement, d’exécution et de monitoring de vos flux.
Un iPaaS pour les gouverner tous…
Un iPaaS pour tout concevoir…
Un iPaaS pour tous les traitements…
… Rien n’est moins sûr.
Le suspens reste entier jusqu’au prochain article qui présentera la vision stratégique du moment : l’Hybrid Integration Platform (HIP).
#ToBeContinued