9 janvier 2020
– 3 min de lecture
Erik Zanga
Manager Architecture
L’ESB, très à la mode ces 15 dernières années, est-il une espèce en voie de disparition ?
Les récents changements de l’environnement SI, responsable de la disparition des démarches SOA, ont-ils détruit le milieu de prédilection de ces outils ?
L’avènement des ESB…
Pour commencer, rappelons nous le pourquoi de la prolifération de cette population ESB.
1. L’évolution des EAI
La théorie de l’évolution n’ayant pas épargné cette espèce, en plein milieu des années 2000, les EAI mutèrent, se transformant en ESB.
Ces outils avaient au préalable doucement déviés de leur premier objectif, la rupture protocolaire et la propagation, pour devenir des systèmes d’intégration complexes.
Le poisson était désormais sur terre et il profita des nouvelles tendances du marché pour finaliser sa métamorphose et passer au statut amphibien.
2. La popularité des démarches SOA
L’ESB devint l’espèce-mère dans l’écosystème de l’intégration applicative / SI, et trouva son bonheur dans le très riche environnement des pratiques SOA.
Tout pouvait se cacher derrière les ESB (ex. l’appel à n systèmes pour composer une information, etc.). Ce spécimen, fort de son avantage compétitif, lutta contre les espèces existantes comme les MFT et les MOM et proliféra. Il fit croire que la solution pour proposer des services transverses et performants était de lui déléguer la complexité, se rêvant en chef d’orchestre suffisamment puissant pour régler des problèmes profondément ancrés dans le SI.
…mais surgirent les premiers pièges
1. Transposer l’ESB en dehors de son environnement de prédilection
Nous arrivâmes aux premiers pièges, qui leurrèrent les ESB en les attirant vers des terrains inconnus, dans lesquels leur survie fut mise à l’épreuve.
Nous parlons là du détournement des ESB, outils de médiation avec une âme d’échanges techniques, vers des orchestrations métier complexes.
La composition de services, permettant de démontrer le précepte “c’est simple, si on fait appel à X, Y et Z alors nous avons toutes les données qu’il nous faut”, fût détournée et poussée à l’extrême, sans se rendre compte qu’à la manière du puissant dinosaure, il ne pouvaient rien contre le météorite qui avait déjà ravagé les applications sous-jacentes.
2. L’avènement de nouveau prédateurs
Si nous revenons à nos jours, ce qui pourrait définitivement achever cette espèce est la venue d’une nouvelle race, les iPaaS. Ils viennent occuper le terrain et épuiser les ressources nécessaires à la survie des ESB en plus de conquérir des terrains jusqu’alors inexplorés comme les échanges dans le Cloud.
Mais rassurez vous, Darwin a toujours raison et la mutation de certains ESB en iPaaS a d’ores et déjà commencé.
Finalement, y-a-il un futur pour l’ESB dans cet écosystème si en perpétuelle évolution ?
Notre avis est que l’ESB doit à ce jour se focaliser sur ses cas d’usages de base :
- La rupture protocolaire (“principe EAI”), encore très utiles au sein des SI, qui gardent un parc applicatif historique
- L’exposition de webservice/API au dessus d’applications non orientées web (via connecteur ou conversion protocolaire)
- La propagation des informations (“principe EAI”) en essayant d’éviter les liens “point-à-point”
- Les orchestrations de niveau technique, simples, qui ne portent pas des concepts métier
C’est ainsi que certains de ces dinosaures vont se voir apparaître des plumes, des ailes, une capacité amphibie, des instruments de survie, du moins temporairement, dans un milieu de plus en plus hostile.
Le concept technologique d’intégration applicative via l’ESB ne sera pas en danger d’extinction dans le court terme s’il se focalise sur des cas d’usages spécifiques. Pour l’avenir, dans un écosystème SI en perpétuelle évolution, les nouveaux outils dominants seront ceux qui sauront tirer profit des expériences passées et se transformer pour répondre aux nouveaux enjeux de ce monde, afin de poser les bases de futures espèces.