pexels-photo-417411

Quoi de neuf dans la nouvelle méthode standard de Bâle IV ?

Quoi de neuf dans la nouvelle méthode standard de Bâle IV ?

4 juillet 2018

– 4 min de lecture

Fayçal Amrani

RWA : de Bâle II à Bâle IV

Les nouvelles réformes engagées sous l’appellation « finalisation de Bâle III », que l’industrie financière nomme déjà « Bâle IV », soumettent les méthodes de calcul des RWA, notamment en ce qui concerne le risque de crédit, à d’importantes modifications.

En effet, en matière de ratio de capital, les apports de Bâle III, applicable depuis 2013, ont porté sur son numérateur (renforcement quantitatif et qualitatif des fonds propres), alors que très peu de modifications ont été apportées à son dénominateur (RWA). L’actuelle méthode de calcul de ce dernier est principalement héritée de Bâle II (2004).

Pourquoi la méthode standard ?

Depuis décembre 2017, le Comité affiche une volonté de faire évoluer le traitement des RWA. Pour ce faire, il prévoit, entre autres, une profonde refonte de la méthode standard du risque de crédit.

L’importance de cette mesure tient avant tout à l’importance de la méthode standard elle-même dans l’usage bancaire. En France, en Europe et à l’échelle mondiale[1], cette méthode est la plus utilisée. Par conséquent, la plupart des acteurs bancaires sont concernés par la mise en œuvre de la nouvelle méthode et devraient s’y préparer.

Les nouveautés

Le texte du Comité de Bâle de Décembre 2017 fixe, avec un important niveau de détail, les nouvelles réformes de la méthode standard. Sans vouloir restituer ici toute la complexité du dispositif, nous abordons ses deux apports les plus novateurs, à savoir :

Même si ces deux éléments ont pour motivation commune le renforcement de la sensibilité au risque, la démarche du comité soulève quelques interrogations sur l’atteinte de l’objectif.

1- Plus de granularité pour plus de sensibilité au risque ?

Le manque de sensibilité au risque est l’une des critiques adressées par le Comité de Bâle lui-même au dispositif actuel. L’objectif des nouvelles réformes est justement de surmonter cette faiblesse.

Tenir compte de la sensibilité au risque sans pour autant complexifier la méthode standard, voilà le défi auquel le Comité a fait face. Pour le relever, il a choisi l’option de la granularité. Concrètement, le Comité estime que la méthode actuelle (héritée de Bâle II) n’associe pas un nombre suffisant de pondérations à certaines expositions, ce qui réduit la sensibilité au risque. La nouvelle méthode, quant à elle, augmente le nombre de pondérations pour beaucoup d’expositions (clientèle de détail, immobilier résidentiel, immobilier commercial…).

Si nous prenons le cas de la clientèle de détail (hors immobilier) nous constatons un niveau de granularité nettement plus important dans la nouvelle réforme (figure 1.2) comparée à la méthode actuelle (figure 1.1) :

Figure 1.1 : Méthode actuelle

Expositions sur la clientèle de détail (hors immobilier)
Pondération75%
Source : BRI, 2006

Figure 1.2 :

Expositions sur la clientèle de détail (hors immobilier)
Clientèle de détail réglementaire (non renouvelable)Clientèle de détail réglementaire (renouvelable)Autres expositions sur la clientèle de détail
« Transactors »« Revolvers »
Pondération75%45%75%100%
Source : BRI, 2017

Jusque-là, la granularité évolue bien vers un renforcement de la sensibilité au risque. Cependant, le secteur de l’immobilier, fortement mis en avant par le Comité, soulève question : le Comité introduit le ratio LTV[3] comme critère de pondération. Ce choix est questionnable étant donné son caractère procyclique qui va à l’opposé du renforcement de la sensibilité au risque recherché par le Comité.

Il semble que les leçons de la crise de 2007 n’ont pas été entièrement tirées. Il ne faudrait pas oublier que le marché immobilier américain se trouvait au cœur de cette crise et que le financement d’une partie de ce marché reposait davantage sur la valeur des biens acquis que sur la capacité de leurs acquéreurs à rembourser leurs prêts. Le LTV renforce cette même logique. Quelle est alors la cohérence d’introduire un dispositif comme le LTV dans un cadre prudentiel visant le renforcement de la sensibilité au risque ?

2 – SCRA, autorisation explicite à moins de granularité !

Cette approche est prévue pour les juridictions n’autorisant pas le recours aux notations externes à des fins réglementaires (notamment les Etats-Unis jusqu’à présent) et pour les expositions non notées dans les juridictions permettant le recours aux notations externes. A la différence de l’approche ECRA[4], dont la granularité a bien été renforcée, l’approche SCRA est composée de trois tranches de risque seulement : A, B et C. La figure 3 illustre cela dans le cas des expositions sur les banques.

Figure 2 : Pondération des risques afférents aux banques (ECRA vs SCRA)

Figure 2.1 : Approche externe de l’évaluation du risque de crédit (ECRA)

Note externe de la contrepartieAAA à AA-A+ à A-BBB+ à BBB-BB+ à B6Inférieur à B-
Coefficient standard20%30%50%100%150%
Pondération des risques afférents aux expositions à court terme20%20%20%50%150%

Figure 2.2 : Approche standard de l’évaluation du risque de crédit (SCRA)

Evaluation du risque de crédit de la contrepartieTranche ATranche BTranche C
Coefficient standard40%75%150%
Pondération des risques afférents aux expositions à court terme20%50%150%

En attendant Bâle V ?

Dans le cadre de négociations internationales ayant pour but de bâtir un consensus mondial sur la régulation du système bancaire, il est concevable que les parties fassent des concessions. Néanmoins, les concessions faites dans la version actuelle (probablement finale) de Bâle IV limitent la portée de l’objectif même de la réforme, à savoir le renforcement de la cohérence et de la crédibilité de la mesure des RWA, pour au moins deux raisons :

Ces interrogations seront-elles soulevées lors de la transposition des recommandations du Comité dans le droit européen, afin d’éviter un nouvel accord, probablement Bâle V ? Ou seront-elles ajournées aux prochaines négociations ?



[1] Comité de Bâle sur le contrôle bancaire : Note récapitulative sur les réformes de Bâle III, Décembre 2017.
[2] Standardised Credit Risk Assessment Approach.
[3] Loan to Value. Ce ratio est égal à : montant de l’emprunt/valeur du bien.
[4] External Credit Risk Assessment Approach.

baselIII-finance-reglementation

Vous dites « Finalisation Bâle III » ? J’avais compris « Bâle IV » !

Vous dites « Finalisation Bâle III » ? J’avais compris « Bâle IV » !

30 mai 2018

– 2 min de lecture

Fayçal Amrani

Au-delà des mots…

La réforme initiée du cadre prudentiel de Bâle provoque déjà des tensions, entre régulateurs et institutions financières, sur une question en apparence de forme : comment la nommer ?

Les régulateurs parlent d’une « finalisation de Bâle III », alors que beaucoup d’institutions financières y voient déjà « Bâle IV »…

Derrière cet antagonisme de vocabulaire, quels sont les enjeux ? Quelles positions/intérêts s’affrontent ?

En effet, ce débat révèle la préoccupation quant à la continuité ou la rupture du cadre prudentiel en vigueur (Bâle III). L’enjeu pour les institutions financières étant de savoir si les efforts consentis depuis 2010 ne seront pas réduits à néant par l’instauration d’un nouveau cadre prudentiel radicalement différent. Pour les régulateurs, l’objectif est de rassurer le marché sur le maintien du cap actuel.

Un air de déjà-vu !

Ce débat rappelle la longue hésitation au tournant de l’année 2010 entre « réforme de Bâle II », « Bâle 2.5 » ou « Bâle III ». La suite est connue de tous, finalement Bâle III a été bien différent de Bâle II : composition (aspect qualitatif) et niveau (aspect quantitatif, différents coussins compris) des fonds propres, ratios de liquidité…

L’histoire se répéterait-elle ?

Quelques indices

Il est vrai que les nouvelles réformes ne sont pas encore dans le droit positif. Toutefois, le comité de Bâle a publié, à la suite des consultations menées auprès des parties prenantes, un document[1] fixant les principales orientations de la réforme. Il est fort probable que les instances européennes retiennent l’essentiel de ce document, notamment :

Ces mesures peuvent engendrer deux types d’impacts :

Alors, « finalisation de Bâle III » ou « Bâle IV » ?

Regardons juste le calendrier de mise en application des nouvelles réformes (voir Illustration 1) : il s’étend jusqu’en 2022 et même 2027 pour les dispositifs transitoires ; 4 ans pour un simple recalibrage du modèle ? Pour rappel, le passage de Bâle II à Bâle III avait duré moins longtemps (de juillet 2009 à janvier 2013)…

Dans tous les cas et quelle que soit sa dénomination, cette réforme a été entérinée dans ses principales orientations par les gouverneurs des banques centrales des pays membres de la BRI, les banques doivent se préparer à sa mise en place…



[1] Comité de Bâle sur le contrôle bancaire, Bâle III : finalisation des réformes de l’après-crise, décembre 2017.
[2] La méthode interne de notation du risque de crédit se compose d’une approche fondation  et d’une approche avancée.
[3] Comité de Bâle sur le contrôle bancaire : Finalisation de Bâle III en bref, document non daté.

paiement sans contact

Paiements : vers une France sans contact ?

Paiements : vers une France sans contact ?

1 mai 2018

– 5 min de lecture

Thomas Vergne

Manager Cash Management

Et vous ? A quand remonte votre premier souvenir de paiement « sans contact » ? Une première transaction ? Un projet ? Un son ?

2010 : Nice, Ville Sans-Contact

Personnellement, il s’agit de l’événement qui s’est déroulé le 21 mai 2010 : le lancement de « Nice Ville Sans Contact » sous le patronage de M. Estrosi, alors Ministre de l’Industrie et déjà Maire de Nice. A l’époque, je travaillais pour le compte d’un « scheme » bien connu. Nous avions organisé avec l’ensemble des partenaires un parcours millimétré pour le Ministre qui devait le conduire à effectuer 3 paiements sans-contact en des points stratégiques de la ville devant un parterre de journalistes et d’invités. Enormes retombées médiatiques et début de la courbe de notoriété… et d’expérience.

C’était en 2010 et promis, 2011 serait l’année du sans-contact : téléphones mobiles sans-contact, tags, étiquettes flashcode, cartes bancaires sans-contact et TPE sans-contact. Les applications porteraient à la fois sur le paiement, les transports, la culture et le patrimoine ! Tout était prêt mais il avait dû manquer quelque chose puisque finalement il aura fallu attendre 2017 pour constater une adoption massive de l’usage.

2017 : l’année du sans-contact en France (enfin)

Finalement, quand on regarde le graphique ci-dessous repris en mars 2018 sur le site du GIECartes Bancaires, on notera avec humilité que l’année 2011 n’y figure même pas.

Mais l’essentiel est ailleurs car tous ces efforts ont payé : l’année du sans-contact est validée ! C’était 2017 : plus d’1 Md de transactions en France selon le GIE CB. Et encore, ce chiffre devrait être complété par

le volume des transactions non CB, dont la plupart sont des transactions paiement mobile. Et ce n’est pas fini : on évoque même les 3Md de transactions pour la fin de l’année 2018.

Un des enseignements, c’est que déployer c’est bien, mais faire utiliser c’est mieux etque cette fameuse valeur d’usage passe évidemment par l’adoption de standards et de parcours clients qui doivent convaincre les utilisateurs avant tout.

C’est le moment de placer une petite citation relevée lors des 5e Rencontres du Club Sepa en février 2018 : « Gardons en tête que le pays le plus innovant du monde est aussi le premier utilisateur de chèques au monde ce qui montre bien que les habitudes ont la vie dure. Ce sont les USA. ». Yves Mersch, membre du directoire de laBCE.

Autrement dit : en 7 ans, que de chemin parcouru ! Et maintenant, où en sommes-nous ? Aujourd’hui, 1 paiement de proximité sur 10 est effectué en sans-contact en France en 2018. Belle tendance !

Des évolutions au service de l’usage

Revenons sur ce qui a convaincu les porteurs d’utiliser leur(s) carte(s) bancaire(s) en mode sans-contact :

Projections instantanées

La carte, aussi forte que le mobile ?

Cas pratique : imaginez-vous au moment de l’addition dans un restaurant de choix. Vous sortez votre carte sans-contact de votre portefeuille pour payer la note de 160€. Vous la posez sur le TPE qu’on vous tend et la remettez dans votre poche. Evidemment, le code doit être saisi et vous le faites directement sur le pin-pad du TPE, sans insérer la carte.

Magique ? Non, PIN online. Vous préférez une authentification biométrique, cela sera bientôt possible grâce au capteur inséré dans votre carte. Allons plus loin et admettons l’industrialisation du prototype de Dynamics qui ne propose rien de moins qu’un wallet dans une carte !

N’allons pas jusqu’à dire que la CB devient un mobile comme les autres mais admettons que la carte plastique a encore de l’avenir.

La convergence pour rendre le paiement invisible

Petit rappel théorique : le paiement sans-contact est une évolution du paiement contact qui est une transaction de proximité, par nature. Cette relation de proximité est par ailleurs de plus en plus concurrencée par le e-commerce.

Mais quand on y réfléchit, ces moyens de payer ne sont que des points d’accès différents qui s’appuient sur les mêmes infrastructures et les mêmes flux : pour l’essentiel du paiement par carte. Tout est bien en place pour une convergence totale !

Pour preuve, le développement des wallets (avec des succès divers) proposant de réaliser à la fois des transactions de proximité et à distance. Avec un parcours toujours plus fluide et de plus en plus indifférencié selon le canal grâce au mobile, des marques comme PayLib, PayPal ou ApplePay sont en position pour « prendre le lead » de la convergence.

Cette évolution ultime où le paiement se fait invisible : un point d’entrée (marque du wallet) et c’est payé, quel que soit le canal (VAD, proxi), le type de paiement (récurrent, ponctuel) ou le support (smartphone, smartcar, smartband) sous réserve des bonnes autorisations et sécurisation.

Ce qui n’avait pas été promis bien longtemps à la suite de Nice en 2010, cette CONVERGENCE UNIVERSELLE, peut-on l’envisager comme un standard en 2018 ?

Préparer la bataille de la confiance

Aujourd’hui, il existe un sport pratiqué par les grands groupes bancaires et industriels : l’intégration d’acteurs innovants, en rupture : les Fintechs. Que cela se fasse par inspiration, juxtaposition, absorption ou « lab’orisation ». Ce n’est pas nouveau de travailler avec des partenaires mais l’ampleur et la médiatisation de ces échanges ont pris une dimension inédite.

En 2017, j’ai accompagné un groupe bancaire français dans l’intégration de Fintech à son offre réseau. Ces projets sont encore confidentiels mais je vous garantis que c’est une expérience fabuleusement enrichissante, pour tous les acteurs concernés.

Mais comme sur tout marché, seuls les meilleurs vont survivre ! Une chose est sure, la bataille des wallets et des parcours clients toujours plus fluides ne fait que commencer.

La plus belle des solutions ne s’imposera jamais sans convaincre ses clients de rester et, encore une fois, la capacité à bâtir (ou maintenir) une marque forte pour gagner la confiance de l’utilisateur final sera un facteur clé de succès.

Et ensuite ?

Comment maintenir un niveau de sécurité élevé avec la multiplication des technologies, des acteurs et l’exigence toujours plus forte d’un parcours client « sans couture » ? Après la fusion de certaines offres, quels devront être les regroupements permettant d’atteindre une taille critique ?

Ma conviction, est que ces puissants acteurs bancaires et industriels « classiques » ont raison de s’armer face à l’arrivée de la vraie disruption, celle des GAFAM et des BATX**(pour faire très simple). Ces acteurs américains et chinois arrivent avec une force de frappe financière exceptionnelle permise par leur marché historique, leur capacité d’adaptation et la masse de leur clients existants. Ils ont déjà commencé à poser les bases de leur arrivée en Europe… Et quand le bon modèle aura été défini, contact ou sans-contact, la France des paiements entrera dans une nouvelle ère

Votre avis ?

Cet article est la restitution mise à jour de mon intervention au PayForum 2018 sur l’état du paiement sans-contact en France.



*Pour les cartes émises à partir du 1er octobre
**Les GAFAM américains (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et les BATX chinois (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) sont considérés comme les leaders hégémoniques du secteur des nouvelles technologies.

Les autres articles qui peuvent vous intéresser

dsp2

Dsp2 13 janvier 2018 rdv en terre inconnue !

Dsp2 13 janvier 2018 rdv en terre inconnue !

16 avril 2018

– 2 min de lecture

Grégoire Jahan

Eric Richard

Directeur Paiements & Cash Management

A l’aube de la « période transitoire » qui s’ouvre le 13 janvier, avec l’entrée en vigueur de la directive DSP2, on a un peu le sentiment de pénétrer en territoire inconnu !

Jusqu’ici, la communauté des paiements s’est concentrée sur la cible des normes techniques sous la conduite de l’Autorité Bancaire Européenne et plus particulièrement sur le débat entre API et « Web Scraping ».

A trop regarder la cible de mi-2019, en aurait-elle oublié les exigences à respecter dès le 13 janvier 2018 ?

En effet, c’est bien dès janvier que débute la « période transitoire » prévue à l’article 115 de la Directive, entre la prise d’effet de la DSP2 transposée en droit national et l’application, mi-2019, des normes techniques de réglementation concernant l’authentification et la communication (RTS SCA & CSC).

Certains travaux sont en cours pour préparer cette échéance, tels que :

Toutefois, il sera compliqué de respecter les exigences de janvier sans remise en cause ou adaptation du « web scraping », actuellement utilisé par les Agrégateurs et Initiateurs de Paiement :

Comment concilier cette solution, basée sur l’appel aux sites de Banque en Ligne des Gestionnaires de Comptes, et les exigences de Janvier ?

Les solutions ont certes déjà été discutées dans la communauté, au cœur même des débats sur les RTS SCA & CSC (Open API ou « Web Scraping sécurisé »), mais elles ne s’imposeront aux acteurs que dans 18 mois…

Alors, quelle sera la stratégie des acteurs à partir du 13 janvier ?

C’est donc bien une part d’incertitude qui plane sur la période transitoire, avec sur le fond, la question de l’attitude choisie par les acteurs, Banques et Fintech :

Les décideurs y répondront, sans doute en revenant à l’esprit de la Directive : créer les conditions d’un nouveau marché, avec de nouveaux services rendus possibles par l’apport de tous les acteurs, dans le respect des conditions de sécurité et de protection pour l’utilisateur.

ls devraient alors y voir de nouveaux territoires à conquérir et privilégier l’initiative, la créativité et la capacité d’adaptation. En un mot : l’esprit de conquête !

reporting-anacredit-banque-donnees-succursales

AnaCredit – Le reporting consolidé des succursales : la problématique de redondance de données

AnaCredit – Le reporting consolidé des succursales : la problématique de redondance de données

10 avril 2018

– 1 minute de lecture

Yijun Wen

Consultante Senior Transformation Data

Le reporting AnaCredit sera prochainement obligatoire pour chaque institution de crédit d’un pays de la zone euro, cela inclut aussi leurs succursales quel que soit leur lieu d’implantation.

Ainsi, sont concernées :

  1. Etablissement de crédit résident ainsi que leurs succursales étrangères hors zone euro
  2. Les filiales d’établissement de crédits étrangers résidentes
  3. Les succursales des établissements de crédit à condition que celles-ci soient résidentes dans un Etat membre de la zone euro

La déclaration s’effectuera auprès de la banque centrale nationale (BCN) compétente (qui ensuite va transmettre ces données à la Banque centrale européenne).

Par exemple, pour une succursale italienne d’une banque française, les données de la succursale devront être déclarées dans le reporting de l’entité juridique à la Banque de France mais aussi auprès de la Banque d’Italie dans le cadre du reporting de la succursale.

En conséquence, lorsque l’entité juridique et sa succursale étrangère résident dans la zone euro, cela représente une problématique pour les institutions :

Afin d’éviter ce « double reporting », la BCE prévoit des possibilités de contournement afin de minimiser ou supprimer cette charge pour des établissements de crédits internationaux :

D’autres évolutions AnaCrédit à suivre dans nos prochaines publications…

Co-auteur: Sithideth Simuong

Home_image-2_2000x5001

L’industrialisation des paiements européens : un long chemin déjà parcouru

L’industrialisation des paiements européens : un long chemin déjà parcouru

9 avril 2018

– Lecture de 5 mn

Ana Esteves

L’ambition de créer un espace unique de paiement en euros est venue s’ajouter aux nombreux défis du vaste projet qu’est la construction de l’Union Européenne. Elle s’insère entre la volonté d’un marché européen libre et concurrentiel – notamment dans le domaine des paiements – et la construction de la zone euro.

Les banques, sollicitées par la Commission européenne et la Banque Centrale Européenne, ont été les maîtres d’œuvre des nouveaux moyens de paiements dont le cahier des charges était à construire sous la surveillance du régulateur européen.

Bien que certains aspects restent à améliorer, le SDD et le SCT sont harmonisés, automatisés, plus simples, plus rapides et moins chers.

Tout au long de cet article, nous reviendrons sur les différentes phases de construction des premiers paiements européens, ainsi que les défis à venir, à savoir :

historique

Les établissements bancaires ont créé un organe autorégulateur commun – l’EPC – composé de collaborateurs des différentes banques de l’Union Européenne, facilitant ainsi le travail collaboratif et la communication avec la Commission et le Parlement Européen.

Un des premiers livrables de l’EPC a été de spécifier les opérations bancaires et leurs règles homogènes à appliquer au sein de l’espace SEPA.

Les principales caractéristiques structurantes du SEPA qui en découlent sont:

Un cycle de vie des opérations avec un début et une fin

Jusque-là, en France, une opération pouvait faire l’objet de plusieurs échanges (effet ping-pong : émission, rejet, rejet du rejet, rejet du rejet du rejet, OCR/ODR voire AOCT). Cet aspect a d’ailleurs affecté les opérateurs français qui ont eu des difficultés à supprimer ces usages (ex. : rejet du rejet Minos sans R-Message équivalent).

La définition claire des rôles et périmètres des acteurs :  A titre d’exemple, dans le cas du SDD, ce n’est plus aux banquiers qu’incombe la responsabilité du débit au compte de son client. En effet, le client ne communique plus à sa banque les autorisations de débit par un tiers identifié par un NNE (numéro national d’émetteur), mais signe un mandat de prélèvement auprès de son créancier qui a ensuite l’obligation de le stocker et d’apporter la preuve en cas de contestation.

L’harmonisation des messages sur un standard ISO

Une fois le modèle SEPA construit, l’EPC a demandé à Swift de travailler sur l’adaptation du standard ISO 20022 pour supporter les échanges des messages de paiement de la zone euro. Cette norme s’appliquait déjà à d’autres domaines tels que titres et les fonds et le commerce international.

Le standard ISO 20022 a pu être adapté au cycle de vie défini pour les opérations SEPA, en raison de la méthode de modélisation des échanges de données à partir des processus métier.

Par ailleurs, il a été décidé d’adopter la syntaxe XML, notamment par SWIFT qui l’avait choisie dès 1999 puisque considérée plus souple, facile à maintenir.

Des nouveaux services proposés par les chambres de compensation

D’un point de vue macro, la solution retenue a été de capitaliser sur l’expérience ABE, chambre de compensation pan européenne, via l’ouverture d’un nouveau service (STEP2) pour les paiements de masse en euros échangés entre banques des différents pays de la zone SEPA ou à l’intérieur d’un même pays.

D’un point de vue micro, il a été nécessaire que chaque partie prenante (banques, éditeurs, gros remettants, chambres de compensation…) reconsidère ses infrastructures de paiements afin d’éliminer les différences nationales au niveau des technologies de l’information et des dispositions commerciales utilisées par les systèmes de paiement de chaque pays membre de la zone SEPA.

Dans le cas des CSM nationaux, comme CORE en France, des travaux d’adaptation ont été menés sur les systèmes d’information, dans l’objectif de permettre l’acquisition et la restitution des paiements SEPA entre banques du même pays uniquement.

Finalement, chaque participant direct est libre d’adhérer aux services (dès lors qu’ils sont proposés dans le pays où l’opération est échangée) et aux CSM de son choix. A partir du moment où ils y ont souscrit, leur BIC est atteignable pour un service donné.

Les organes de gouvernance

Le principe d’autorégulation qui caractérise la mise en place du SEPA par les banques n’a pas suffi et a nécessité une intervention normative par le législateur européen pour dynamiser l’avancement du projet.

Aussi, les règlements relatifs aux dates butoirs de 2012 ont permis de donner un caractère obligatoire à la migration des paiements nationaux vers le SEPA. De plus,  ils ont mis fin à la période de transition où les dispositifs de chaque Etat cohabitaient avec les nouveaux moyens de paiement.

Ensuite la création d’un organe de gouvernance pan-européen, le Conseil SEPA, est venu renforcer le mécanisme. Il a permis une implication plus formalisée des représentants de haut niveau. En effet, cet organe est coprésidé par des représentants de la Commission européenne et de la Banque Centrale Européenne. Depuis, le conseil SEPA a été remplacé par l’Euro Retail Payments Board, présidé par la BCE et composé des représentants du marché des moyens de paiement, du côté de l’offre et de la demande.

Au niveau national, chaque Etat s’est doté d’un comité national pour coordonner au niveau de chaque pays les différents acteurs. En France, le Comité national SEPA a coordonné la migration, conjointement avec la Banque de France et la Fédération Bancaire Française.

Les prochains défis à relever

Plusieurs sujets sont à l’ordre du jour, en commençant par la nécessité de réaliser des économies d’échelle pour rentabiliser les investissements.

A titre d’illustration, depuis 2013, STET, société française, est devenue l’opérateur de paiement de la communauté bancaire Belge, mutualisant l’infrastructure.

Au-delà, il convient à court terme de :

Sans parler des défis posés par la DSP2, de l’instant payment,et du Blockchain, à décrire dans un prochain article.



Glossaire :
ABE : Euro Banking Association
AOS : Additional Optional Services
BCE : Banque Centrale Européenne
BIC : Business Identifier Code
CORE : COmpensation REtail
CSM : Clearing and Settlement Mechanism
DSP : Directive des Services de Paiement
EPC: European Payments Council
ERPB : Euro Retail Payments Board
IBAN : International Bank Account Number
MINOS : Manuel Interbancaire des Normes d’Opérations
NNE : Numéro National D’Emetteur
ODR : Operation Débit Rédressement
OCR : Opération Crédit Redressement
SCT : SEPA Credit Transfer
SDD : SEPA Direct Debit
SEPA : Single Euro Payments Area
STEP2 : Système géré par l’ABE, permettant l’échange d’opérations de masse en euro
STET : Systèmes Technologiques d’Echange et de Traitement
SWIFT : Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication
TIP : Titre Interbancaire de Paiement
UE : Union Européenne
XML : eXtensible Market Language