Lorsque l’on recherche sur Linkedin des experts en micro-services, les résultats sont nombreux… Y a-t-il une explosion des pratiques micro-services au sein des entreprises ou est-ce une surévaluation des expériences professionnelles ? Qu’est-ce qui nous rend pertinents sur le sujet ?
Qui fait réellement des micro-services ?
Ceux qui n’ont en fait pas compris ce que c’est…
Un micro-service est un service qui embarque des composants applicatifs et des données : nous entendons souvent parler de « frontal découpé en micros-services » ou « code applicatif découpé en micro-services » ou « j’ai créé un container Docker, j’ai produit un micro-service ».
Sans vouloir rentrer dans le débat de la pertinence de ces pratiques, nous pouvons affirmer qu’elles ne suffisent pas pour déclarer adhérer à une démarche micro-services.
Ceux qui font des micro-applications…
Il s’agit là de micro-services que nous n’avons pas besoin d’appeler micro-services.
Il s’agit d’une application, créée pour un besoin très spécifique.
Le découpage autour d’une seule API, liée à un domaine bien spécifique, pour un cas d’usage très précis, avec une base de données dédiée, est logiquement associable à un micro-service. Néanmoins, bien que l’appellation soit correcte, avoir contribué à ce type de réalisation ne nous rend pas forcément éligibles à des projets micro-services d’envergure…
Ceux qui font réellement des micro-services…
Seuls ceux qui y ont réellement contribué connaissent les vrais enjeux : sachez les identifier. Nous parlons ici d’une vraie approche micro-services qui suppose une réflexion data, mais également de l’orchestration et de la gestion de la cohérence.
Nous allons donc amorcer une première analyse de ces enjeux majeurs en nous focalisant surtout sur un des points clés de complexité : la gestion des adhérences entre micro-services (nous n’allons pas aborder les sujets de sécurité et gouvernance au sein de cet article, ils seront abordés dans une publication à venir).
Un micro-service, comme décrit dans le précédent article, doit être indépendant et isolé. Ces caractéristiques sont difficiles à obtenir quand le micro-service est créé et utilisé au sein d’un processus complexe demandant des orchestrations complexes.
Quels enjeux pour l’orchestration et la gestion de la cohérence des micro-services ?
L’orchestration des micro-services
Les micro-services, par leur nature, peuvent ne pas entièrement satisfaire à un processus ou à une étape de ce processus.
Pour pallier à ce besoin, une orchestration peut être réalisée en se basant sur des architectures de référence, selon le degré de complexité. Pour les cas les moins complexes, nous pouvons utiliser les backends des frontaux (avec par exemple une application BFF, Back For Front). Cette orchestration restera très spécifique à un cas d’usage. Il s’agit ici de l’enchaînement par exemple des appels vers deux micro-services, en lecture, car un seul ne suffit pas à garantir une expérience utilisateur complète (je retrouve les contrats d’un client et pour chaque contrat je lui montre les commandes associées).
Dans des cas plus complexes, ou hautement réutilisables, nous pouvons baser notre démarche sur d’autres outils. L’orchestration pourra alors être réalisée :
Par un moteur d’orchestration maison, spécialement conçu et dédié
Par des outils de BPM, qui peuvent y voir une seconde jeunesse après les promesses de la période SOA
Ces cas de figure permettent comme dit auparavant, également de mieux gérer le second point, la cohérence des données.
La gestion de la cohérence des micro-services
La cohérence canalise le sujet sur l’aspect données. Nous allons le résumer aux questions suivantes :
Comment assurer la cohérence si on travaille sur plusieurs bases de données ?
Rollback ? On se complique la vie avec les micro-services ?
On oublie l’ACID et on perd donc tous ses avantages ?
Probablement, ce qui va résoudre la moitié de ces cas de figure est le pragmatisme. Voici quelques exemples :
Un axe de simplification est porté par le découpage des micro-services : un découpage trop fin implique forcément une complexité croissante, donc attention à ne pas scinder là où on n’en a pas besoin.
Un autre est de s’assurer de la bonne conception fonctionnelle maximisant les couplages lâches entre les objets, les taches et les processus, pour qu’on ait le moins de rollback à faire si une des opérations orchestrées n’aboutit pas.
Un troisième est une analyse de la rigueur / la sécurisation demandée pour chaque cas d’usage. N’oublions pas que chaque information traitée demande une attention différente. Les données de tracking des utilisateurs sur mon site internet peuvent avoir un niveau de certitude inférieur par rapport à la gestion des transactions bancaires liées aux achats sur le même site.
C’est à partir de ces réflexions qu’on balaie une partie des interrogations et qu’on peut se focaliser sur les sujets complexes d’intégration et gestion des micro-services, demandant la mise en place de pratiques d’orchestration visant à pallier à ces sujets de cohérence.
Les exemples discutés dans cet article n’ont pas vocation à être exhaustifs mais aident dans l’élaboration et la mise en application d’une démarche micro-services.
Les contraintes imposées par une démarche micro-services obligent à une réflexion très structurée dès la conception. D’où l’importance, comme nous avons pu le dire auparavant, de ne pas se focaliser uniquement sur du découpage fin mais de bien mener la réflexion autour des données, des interactions, des orchestrations et de la spécificité de chaque micro-service.
NB : nous n’avons pas distingué l’orchestration et la chorégraphie des micro-services dans cet article, ce sera le sujet d’une publication à venir !
[Vidéo] Maîtrisez et Augmentez la valeur de vos Données
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Maîtrisez et augmentez la valeur de vos données – la méthode rhapsodies conseil
Considérée comme matière première de l’économie numérique, la data et son exploitation créent une effervescence continue. Elle est devenue un acteur central de notre quotidien et de celui des organisations. Mais comme toute ressource de grande valeur, il faut apprendre à exploiter cet actif.
Vous souhaitez développer les usages de vos données ? Vous souhaitez augmenter le potentiel de vos données ?
Nous avons synthétisé pour vous dans cette vidéo les 5 étapes de notre méthodologie pour mesurer et augmenter la valeur de vos données !
Avec l’avènement, la démocratisation de l’intelligence artificielle dans toujours plus de secteurs, certaines questions sont posées :
Les machines vont-elles vous remplacer, allez vous perdre votre travail ? Ce progrès technologique nous rend-il de plus en plus vulnérable ? Le rôle de l’éducation dans ce contexte de transition technologique ? Les machines vont-elles devenir plus intelligentes que vous ? Comment faire confiance à des systèmes de décision parfois complexes voire boîtes noire ?
Pour y répondre, développons quelques points :
Rappelons la place de cette intelligence dans nos vies aujourd’hui.
Rappelons que nous contrôlons bien toujours la machine…
N’exagérons pas les impacts sur le monde du travail, regardons un peu an arrière
Oui, une petite mise à jour du système éducatif français ne serait pas un luxe pour s’adapter plus rapidement aux transitions technologiques de demain
L’IA, il y a quand même des risques : Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Comme souvent, le risque c’est nous même…
Non, cette forme d’intelligence n’a rien a voir avec l’intelligence humaine, elle ne peut donc pas la « dépasser »
Toutefois, Vous ne pouvez pas faire confiance à n’importe qui, et pour l’IA, c’est pareil… Alors comment fait-on ?
1 – Rappelons la place de cette intelligence dans nos vies aujourd’hui
« Mais comment il s’appelle déjà cet acteur, tu sais celui qui joue dans ce James Bond ? Attends je regarde ! » Aujourd’hui, le « Attend je regarde » a maintenant depuis plusieurs années remplacé le « Attends je réfléchis ça va me revenir ! » (Vous souvenez vous avoir dit cette phrase récemment ?).
Google comprend très bien ce que vous cherchez, mieux que vous parfois… Le web ne se repose pas, disponible 24/24. Comme un nouvel organe qui étend votre cerveau, il vous offre une extension de mémoire extraordinaire, que vous pouvez utiliser quand vous voulez, avec des interfaces toujours plus simples.
Les Smart Phones, les moteurs de recherche qui savent mieux que vous ce que vous cherchez, les nouveaux robots intelligents, les véhicules autonomes, … l’avènement de IA, n’est-elle tout simplement pas comparable à l’avènement de l’électricité et de son usage qui a explosé au 20eme siècle ? On a appris à produire et à distribuer de l’énergie. Maintenant on crée et on distribue une forme d’intelligence.
Quelle est-elle exactement, cette intelligence ?
2 – Rappelons que nous contrôlons bien toujours la machine…
Pour ceux qui l’ignorent et qui peut être craignent ces nouvelles technologies, la plupart des algorithmes qui révolutionnent le monde actuel sont fondés sur des théories (pas si récentes) issues par exemple des statistiques, de la probabilité, l’optimisation et la recherche opérationnelle. Je vais peut être estomper les fantasmes de certains, mais aujourd’hui une machine ne peut pas apprendre sans avoir :
Une question précise à laquelle répondre
Un volume et un périmètre de données (d’observations) suffisamment conséquents pour pouvoir modéliser le phénomène sous-jacent et répondre à la question
Des capacités de traitement, et l’énergie qui alimente ces capacités
Et vous savez quoi ? Ces trois prérequis nécessitent aujourd’hui notre intervention humaine. Nous choisissons les problèmes auxquels nous voulons que les machines répondent, nous sélectionnons les sources de données qui permettent à la machine d’apprendre une façon d’y répondre, nous fournissons les capacités de traitement et l’énergie nécessaire. Alors de quoi avez-vous peur ?
Comme souvent, le seul danger, c’est nous même… Nous en reparlerons tout à l’heure.
3- N’exagérons pas les impacts sur le monde du travail, et rappelons nous du passé…
Pour rafraîchir la mémoire de certains, posons nous 5 minutes sur 3 emplois, au hasard, qui n’existent plus aujourd’hui, et ça ne choque plus personne … :
Le Poinçonneur : Vous savez c’était le monsieur qui faisait « des petits trous, toujours des petits trous » sur vos billets de métro il y a bien longtemps…Maintenant, vous avez un Pass Navigo…
Le Télégraphiste : Ils transmettaient les télégrammes ! Et vous savez quoi ? Il n’y a plus de télégraphes aujourd’hui…Maintenant vous utilisez internet…
Le Laitier : « Le quoi ? » Lui était chargé de transporter le lait frais au plus vite avant qu’il ne périsse pour être consommé. Aujourd’hui, vous allez au rayon frais dans votre épicerie la plus proche…
Alors ? Devons nous réembaucher des Poinçonneurs sur les lignes du métro parisien ? Devons nous réinstaurer les télégraphes pour remplacer progressivement internet, parce que quand même ça créerait de l’emploi ! Devons nous revoir notre gestion de la chaîne du froid et simplifier tout ça spécifiquement pour le lait en embauchant quelques laitiers ? Je vous laisse le choix des réponses à chacune de ces questions.
Certains métiers vont évoluer. Certaines tâches seront automatisées ce qui permettra d’approfondir les aspects les plus important du métier, les plus « Humains » ?
Prenons l’exemple du Responsable RH :
Aujourd’hui, ilpasse des heures sur son LinkedIn pour trouver le profil miracle, lisant des tonnes et des tonnes de profils, sans trop savoir auquel se fier et lequel a vraiment une chance de lui répondre…
Demain (et aujourd’hui ça commence déjà) un algorithme pourra lui proposer les profils qui ont le plus de chance d’exceller (et de répondre) pour un poste donné. Les responsables RH passeront plus de temps à préparer un entretien personnalisé avec la personne, en creusant les bons aspects, pour être sûr de prendre la bonne décision. Un partenaire qui deviendra indispensable ?
Il y aura peut être moins de responsables de recrutement alors ? Peut être, mais pas du jour au lendemain.Les choses ne se font pas d’un coup. Il faut du temps pour transformer les entreprises mastodontes… Il faudra du temps pour prendre conscience qu’il faut moins de responsables de recrutement et plus de Data Science, et trouver les bonnes ressources formées, et surtout pour mettre au point les bonnes solutions…
D’ailleurs, nos petits seront-ils formés sur ces sujets ? Nos grands pères à 5 ou 10 ans de la retraites pourront-ils se reconvertir ?
4- Une petite mise à jour du système éducatif français ne serait pas un luxe pour s’adapter plus rapidement aux transitions technologiques de demain
De manière plus générale, concernant ces périodes de rupture / transition technologiques, le système éducatif (français) manque surement de flexibilité. Il est pensé pour être globalement adapté à tous, alors qu’il devrait l’être, de plus en plus, pour pouvoir s’adapter à chacun, et au monde du travail. Je ne dis pas que c’est simple…
Mais par exemple, aujourd’hui, l’outil informatique devrait être porteur de flexibilité dans le système éducatif, mon avis est qu’il n’est pas assez utilisé (au risque d’offusquer certaines personnes…) . Formations en ligne et/ou en autonomie ? Oui, il est possible d’apprendre seul devant son PC aujourd’hui; Il existe des outils totalement adaptés pour les professionnels et pourquoi pas pour les collégiens et les lycéens ? Attention : Je dis bien, A défaut de professeurs spécialisés sur un sujet nouveau par exemple comme l’intelligence artificielle, l’élève devrait pouvoir s’auto-former et passer un examen type Bac spécialisé dans les nouvelles technologies de l’information, sur la base de cet enseignement, s’il est motivé, pourquoi pas ? Il réussira.
De même, pour toutes personnes dans la vie active qui sont tout à fait aptes à se former rapidement sur un nouveau domaine innovant, pourquoi ne seraient-ils pas aussi brillants dans ces nouveaux domaines que des petits jeunes sortis d’école ? si on leur donne aussi les moyens de s’auto-former et de passer des examens spécialisés plus simplement.
Plus globalement : « C’est en forgeant, que l’on devient forgeron ». Dans ces périodes de transitions technologiques, cette phrase devrait inspirer les recruteurs, qui devraient plus prendre en compte la capacité d’un candidat à apprendre rapidement, à s’adapter à des situations différentes / nouvelles, plutôt que de s’obstiner sur les petites lignes de diplômes du CV.
5- L’IA, il y a quand même des risques: un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Comme souvent, le risque c’est nous même
Plus il y aura d’actions automatisés, et connectées, plus la société sera vulnérable à la cyber-attaque, et plus les exigences de sécurité seront élevées.
Les données peuvent être utilisées à bon escient pour améliorer notre manière de vivre, se re-concentrer sur l’essentiel dans un monde que nous avons nous même rendu plus complexe qu’il ne l’était… Malheureusement, il peut être utilisé à mauvais escient.
Comme on dit, un grand pouvoir implique de grandes responsabilités… Les fournisseurs Cloud par exemple ont une grande responsabilité. Une grande ressource de calcul ne devrait plus demain être vendu au premier venu, car elle peut être une arme.
L’IA peut en exemple être utilisé pour élaborer des attaques plus intelligentes. Il faudra alors aussi prévoir des systèmes de défense plus intelligents. Vient la course aux armements version IA… L’actualité nous fait déjà entrevoir ces cyber-guerres (la potentielle intervention de la Russie dans l’élection de monsieur Trump en est un exemple). Les hackers commencent déjà à utiliser le Machine Learning comme levier d’attaque. Vous trouverez par exemple, cet article qui traite du sujet.
6- Non, cette forme d’intelligence n’a rien à voir avec l’intelligence humaine, elle ne peut donc pas la « dépasser »
Si cela vous inquiète vraiment, c’est que vous manquez simplement d’informations sur le sujet. Comme discuté au point 2 de cet article, il n’y a absolument aucune technologie ni même aucune démarche scientifique aboutie qui permette à une machine d’égaler l’intelligence Humaine. La forme d’intelligence produite par les algorithmes actuels et la forme d’intelligence qui habite votre cerveau n’ont absolument rien à voir : L’un est fait pour répondre à un problème bien précis,l’autre est capable de penser, d’inventer, de créer, d’aimer, et ce depuis 200 000 ans…(et de répondre aussi à plein de problèmes, bien précis…)
7- Toutefois, vous ne pouvez pas faire confiance à n’importe qui, et pour l’IA, c’est pareil… Alors comment fait-on maintenant ?
Cette nouvelle forme d’intelligence se diffuse peu à peu pour offrir toujours plus d’efficacité. Elle permet à l’entreprise de prendre certaines décisions de manière moins intuitive et plus mathématique/statistique, lorsque le sujet et les données le permettent.
Reste toutefois à poser un cadre claire de ce que nous souhaitons vraiment faire de ces nouvelles capacités et de ce que nous nous interdisons d’en faire. C’est une question que chacun doit se poser aujourd’hui. Certaines décisions ne devraient-elles pas être prises que par l’homme ? Une machine doit-elle avoir le choix de vie ou de mort ? Demain, la voiture autonome doit-elle avoir à choisir entre percuter la vieille dame ou l’enfant ? Il s’agit de maîtriser le risque et l’éthique.
Reste également, et c’est crucial, à se donner les moyens de mieux comprendre comment décident les algorithmes les plus complexes (exemple : Réseaux de neurones, Deep Learning) qui sont souvent trop opaques. Sinon nous pouvons valider un modèle alors que, par exemple, sa manière de décider n’est en fait pas éthique du tout (ex : Discriminations raciales, etc…). Pour ceux que ça intéressent, une méthode comme LIME vise à innover dans ce domaine : Why Should I Trust You ? Il existe d’ailleurs déjà des librairies de développement dans ce domaine.
Une image pour finir : Dans chaque décision humaine se cache une motivation. Par exemple, si quelqu’un vous donne un bon conseil, que vous le suivez, et que vous vous rendez compte qu’il en a en fait plus profité que vous, vous n’aurez plus confiance en cette personne ? Non ? Si par contre, ce même conseil vous est donné de bon cœur avec bienveillance, alors vous ferez confiance en cette personne ? un nouvel ami ? La motivation est tout aussi importante que la décision en elle même, aussi juste puisse-t-elle paraître a priori (donner un bon conseil…). C’est la même chose avec l’IA. Si nous ne savons pas justifier/comprendre les décisions (conseils…) qu’elle nous donne, alors ça ne peut pas être notre partenaire, ou du moins c’est risqué.
Vers un darwinisme orienté par la data ? oui, mais pas seulement…
Nous pourrions penser que les évènements récents liés à la crise sanitaire Covid-19 vont ralentir les parcours de transformations culturelles et technologiques déjà engagés par les entreprises et organisations.
Il n’en est rien : ils vont les accélérer.
Nous assistions à des tendances : celles-ci vont se confirmer.
Nous partagions encore quelques doutes : ceux-ci vont s’effacer.
La rupture soudaine de la linéarité confortable de notre monde nous enseigne qu’il nous faut tout de suite prendre conscience de notre fragilité relative, et revenir à des principes fondamentaux déjà établis : s’adapter, au sens évoluer, pour ne pas disparaître.
Le patrimoine de données : un actif essentiel plutôt que stratégique
Pour lesdites entreprises et plus globalement, les organisations, les données formant leur patrimoine informationnel étaient considérées depuis quelques années comme un actif au service de la stratégie : c’est-à-dire qu’elles étaient le moyen d’une tactique d’entreprise orientée vers son développement (conquête d’un nouveau marché, amélioration des performances économiques intrinsèques par l’établissement de reporting plus précis, émergence d’une connaissance client augmentée, etc.). L’essor du Chief Data Officer, ou Directeur des Données, en est une illustration concrète.
Demain, et cela commence en réalité aujourd’hui, ledit patrimoine de données sera considéré comme essentiel, et non plus seulement stratégique.
Essentiel signifie indispensable pour que quelque chose existe.
Comprenons-nous bien : il ne s’agit plus de voir la Data comme un élément vecteur de développement, mais comme l’élément principal de l’existence même d’une organisation et de la réalisation de sa mission. Demain, aujourd’hui en réalité, une entreprise ne pourra survivre à des lacunes dans l’organisation qu’elle aura déployé autour de son actif Data.
L’urgence de mettre en œuvre une data governance et de l’incarner par des valeurs fortes
La gestion transverse de l’actif Data se matérialise et se construit en premier lieu autour de la gouvernance des données. Celle-ci devrait être vue comme une association de deux dimensions génériques adaptées aux spécificités de la Data : l’Asset Management et le Risk Management. Cette dualité s’emploie à garantir une gouvernance des données qui repose sur des fondamentaux solides et pérennes, préparant le triple pivot organisationnel, culturel et technologique autour de la Data.
Pour entamer les programmes de transformation, les leaders des entreprises peuvent s’appuyer sur des cadres de référence déjà construits et établis : certaines grandes organisations ont déjà une maturité Data-driven reconnue. Nous le constaterons dès demain : elles sont aptes au nouveau monde grâce à l’agilité et à la résilience acquises des transformations qu’elles ont engagées ces dernières années.
Un autre aspect qui m’est cher à la mise en place réussie d’une gouvernance des données est l’établissement de nouvelles valeurs, mais aussi des principes fondateurs, au sein de l’organisation : des valeurs de partage, de qualité, d’efficacité, de collaboration avancée.
Ouvrir, partager et protéger la Data est en réalité bien plus que de la gouverner, c’est aller vers de nouvelles pratiques et donner un sens nouveau au travail.
Encore trop peu de data literacy dans les organisations
Dans mon précédent article sur la gouvernance des données, nous évoquions le défi que représente la nomination des bons ambassadeurs de la transformation et de la nécessité de les accompagner. L’aspect humain de cette transformation centrée sur la Data est effectivement crucial et conditionne la réussite de ce chemin forcément complexe, comme tout changement structurant.
Mais il est un autre aspect définitivement essentiel : la démocratisation de la Data. Cela consiste là aussi en un changement de paradigme : la Data n’est plus réservée qu’à quelques spécialistes au sein de l’entreprise. La Data est accessible à tous.
Savoir lire, interpréter et partager des données en interne comme à l’externe est aujourd’hui un facteur clef de réussite des organisations car il s’agit de la capacité à prendre des décisions rapidement, de façon éclairée et en conscience, dans un monde toujours plus complexe. Et ceci à tous les niveaux de l’entreprise, opérationnels comme stratégiques.
Or aujourd’hui encore, les études sur ce sujet montrent qu’une large majorité des collaborateurs des entreprises se sent dépassée par la Data : il s’agit pour eux d’un motif de stress, de baisse de productivité quand ils se retrouvent face à un outil inadapté ou pour lequel ils n’ont pas été accompagnés… à tel point que s’ils trouvent une alternative à la Data pour réaliser et prendre leurs décisions, ils le font.
Adapter les organisations au monde de demain : une leçon de darwinisme orientée par la data, et par une nouvelle collaboration
Les entreprises et plus globalement les organisations n’en ont pas fini de leur évolution et de leur adaptation.
De cette épreuve que nous traversons, qui bouleverse notre organisation du travail, il restera des cicatrices. Nous nous en relèverons. Nous progresserons. Ce qui est était nos suggestions d’hier devient nos priorités de demain.
Si l’on s’en tient aux organisations il apparaît vital pour elles de poursuivre la route de l’entreprise Intelligente, qui reconnait et valorise ses données, vers l’entreprise Résiliente et Agile, qui se construit autour de nouveaux principes collectifs et organisationnels mettant au centre la valeur de son patrimoine Data.
Dessiner une cible, bien sûr, mais à quel horizon ? Sous quel angle ?
Sur ces sujets, nous devons différencier plusieurs points de vue.
Formaliser la cible à long terme : l’idéal
Récemment, nous avons animé pour un client la définition d’une cible à environ 5 ans qui permettait de donner les grandes directions et surtout de mettre en avant ce qui devrait être (ou non) couvert par l’ERP central.
Cette cible a permis de partager une vision d’ensemble des projets d’étude et des grands pans applicatifs qui allaient évoluer. Et donc aussi de définir ceux qui ne feraient pas l’objet d’investissements conséquents dans les prochaines années.
A l’inverse, sur certains pans du SI, cette cible ne pouvait pas être mise en application de suite car elle était parfois trop éloignée de la réalité. Plusieurs étapes peuvent alors être nécessaires pour atteindre cette cible. Ce genre de cible étant vue comme « inatteignable ». Pourtant 5 ans cela peut être court au regard de certains autres investissements lourds (construction d’usines de production, construction d’un data center…) mais au vu de la vitesse exponentielle de l’évolution de l’IT, cela peut paraître très long.
Formaliser la cible à plus court terme : dans quel cas ?
Une cible a 2-3 ans peut à l’inverse paraître très courte car certains projets peuvent mettre du temps à se lancer. Ensuite, le temps d’organiser les équipes, de comprendre le sujet, etc., il peut déjà se passer facilement 1 an ou 2 dans certains cas. Pour un de mes clients, une grande banque, nous avons passé 6 mois à construire une cible macro, définir les principaux besoins, ce qui devait évoluer et les principales briques du systèmes (à acheter ou à développer). Puis au moment de se lancer et vu l’importance des sujets à traiter, il a fallu passer par une étape « politique » qui consistait à décider d’une structure pour ce programme (et à qui elle devait être rattachée) : nommer de nouveaux responsables ; les faire venir de leurs anciens postes ; procéder au recrutement en cascade qui va bien, aussi bien avec des internes et compléter par des consultants (pour des raisons de charge de travail, d’expertise, etc.).
Une cible à plus court terme peut permettre de faire comprendre les premières étapes de la transformation.
Comme dans tous nos travaux nous devons donc trouver le juste équilibre entre le court, moyen et le long terme. Suivant les cas, il n’y a pas une cible à décrire mais plusieurs ! Certains domaines sont à court terme car ils risquent de devoir évoluer rapidement et on parlera davantage de plateformes. Certains autres sujets doivent être pris sur le long terme (ERP) au vu des coûts et des changements qu’ils impliquent.
Cette période délicate du confinement par bien des égards a mis en exergue un certain nombre de constats irréfutables :
Les séniors représentent une part importante de notre population,
Les maladies chroniques sont galopantes de part nos nouveaux modes de vie et requièrent des soins fréquents et sur le long terme,
Les économies réalisées à tous les étages du système de santé fragilisent ce dernier, à commencer par le personnel soignant.
La population prend connaissance de ces faits à l’heure où :
sa mobilité est temporairement entravée (au même titre que pour certaines populations à mobilité réduite),
se rendre à l’hôpital fait courir un potentiel risque de contamination malgré les filières d’admission distinctes,
le personnel soignant a lui même peur d’être infecté et doit sans cesse optimiser son temps ainsi que le matériel médical utilisé.
La téléconsultation est une réponse du digital sur le début du parcours de santé.
Elle permet une optimisation à un instant T pour tenter de poser un diagnostic à distance. Elle sera pertinente dans bien des cas de figure mais trouvera ses limites dans certaines situations, la médecine ayant toujours eu besoin de contact physique, d’auscultation pour identifier des marqueurs, des réponses corporelles à un problème donné.
Quelle suite donner une fois le diagnostic posé ?
Dans le cas où l’état de santé permet un suivi à domicile, soit :
un(e) infirmier(e) libéral(e) passera plusieurs fois par jour pour prendre les mesures physiologiques (température, saturation en oxygène, tension artérielle, …), réaliser des soins et remplacer éventuellement les consommables médicaux (perfusions, bouteilles d’oxygène, …). Toujours en courant le risque d’être personnellement infecté, de contaminer sa patientèle non atteinte, et de multiplier les heures et les déplacements.
il conviendra de refaire des téléconsultations pour suivre ponctuellement l’évolution de l’état de santé de la personne malade au risque de surcharger les médecins en téléconsultation ou de louper l’étape charnière avant l’aggravation de la maladie.
C’est à ce moment précis que les objets connectés peuvent être d’une grande utilité !
De plus en plus accessibles via des dispositifs grands publics :
thermomètre connecté,
oxymètre connecté,
tensiomètre connecté,
bouteille d’oxygène connectée,
et bien évidemment montre connectée avec ElectroCardioGramme (ECG), saturation en oxygène, …
Ces objets connectés permettent en toute autonomie de prendre régulièrement (et sur une période de temps étendu) des mesures physiologiques personnelles fiables et de les télétransmettre à une plateforme médicale qui pourra automatiquement et très rapidement réaliser des interprétations médicales pertinentes (via des algorithmes d’intelligence artificielle notamment).
Les médecins pourront ainsi consulter les monitoring réalisés mais surtout être alertés automatiquement par la plateforme en cas de risques prédits ou décelés pour intervenir au plus tôt et sauver des vies.
Les avantages sont nombreux :
Autonomie de la personne à domicile,
Désengorgement des hôpitaux (en particulier les services d’urgence) pour le suivi simple,
Libération du personnel soignant pour qu’il se consacre aux situations plus complexes,
Optimisation des moyens matériels médicaux,
Réduction des déplacements inutiles et donc des risques de propagation,
…
La situation délicate dans laquelle nous nous trouvons actuellement met en relief tout le potentiel que peuvent nous apporter l’ensemble de ces nouvelles technologies.
Bien des questions (respect des données personnelles, confidentialité, secret médical, …) restent à instruire en périphérie des débats technologiques, mais à l’heure du Dossier Patient Informatisé, de la téléconsultation, nul doute que la télémédecine prennent de l’ampleur, bien aidé par le développement croissant de l’Internet Of Things.