On profite du nouveau plan d’intéressement de RC et des choix de supports financiers dans lesquels vous allez pouvoir investir votre épargne salariale, pour vous parler de l’épargne responsable.
Le saviez-vous ?
La première empreinte carbone individuelle, sans qu’on le sache, c’est notre compte en banque. Notre argent n’est pas du tout neutre vis-à-vis du climat.
Quand l’empreinte carbone annuelle moyenne d’un Français en 2020 est de 11,2 tonnes équivalent CO2 (eqCO2) par an, celle de son épargne grimperait à 16 tonnes eqCO2 par an pour 25.000 euros placés à la Société Générale,15 tonnes eqCO2 chez BNP Paribas, 11 tonnes au Crédit Agricole… contre 8,8 tonnes à La Banque Postale, calcule Oxfam.
Choisir une banque plus responsable peut donc être une action, placer son épargne salariale de façon plus responsable en constitue une autre.
Alors c’est quoi l’épargne responsable et pourquoi ?
L’épargne responsable a pour objectif d’allier à la fois le rendement financier et l’impact positif sur la société et/ou l’environnement, en prenant en compte des critères « extra-financiers » pour sélectionner les entreprises dans lesquelles investir. On les appelle « critères ESG ».
Intégrer des critères ESG dans la sélection des investissements permet :
Cette approche permet de mieux comprendre les stratégies des entreprises sur le long terme et de mesurer leur capacité à faire face aux grands enjeux de société présents et à venir. Autrement dit, les risques et opportunités sont identifiés de façon plus exhaustive. Cette même approche est appliquée aux obligations des États et des collectivités publiques.
La recherche de performance et l’épargne responsable sont parfaitement compatibles : les études académiques montrent que statistiquement l’épargne responsable est, au moins, aussi performante que celle sans critères ESG.
Concrètement comment faire ?
Vous entendez parler d’ISR, d’ESG, d’éthique, de bas carbone, de supports verts… Comment s’y retrouver ?
Investir dans des fonds responsables
Il existe un certain nombre de pratiques et de labels qui vous permettent de savoir si le produit d’épargne ou les supports que vous choisissez ont un objectif responsable ou intégrent des critères ESG :
En examinant la documentation pré-contractuelle (DIC document d’informations clés) fournie par votre conseiller, vous pouvez :
– Consulter la liste des supports disponibles qui soutiennent des causes environnementales et sociales, ou qui ont pour objectif l’investissement durable.
– Vérifier les stratégies d’investissement décrites dans ce document :
Bien qu’il existe plusieurs stratégies, 3 stratégies se distinguent des autres.
Les stratégies dites « Best » consistent à sélectionner les entreprises les mieux notées selon les critères ESG. On en trouve 3 variantes en fonction des secteurs d’activité concernés et de l’évolution de la prise en compte des critères ESG par les entreprises qui composent le fonds
Les stratégies d’exclusion désignentle fait d’exclure par principe certaines sociétés parce que leur chiffre d’affaires provient d’activités considérées comme néfastes pour la société ou contraire à l’éthique (par exemple le tabac, les jeux d’argent), ou parce qu’elles ne respectent pas certaines normes internationales (par exemple la Déclaration universelle des droits de l’homme)
Les approches thématiques consistent, elles, à identifier les entreprises de secteurs d’activité précis liés au développement durable ou à la transition énergétique. Par exemple la gestion de l’eau, l’alimentation durable, etc.
– Vous aider des informations réglementaires :
Règlement SFDR : Depuis 2021, la réglementation européenne permet d’identifier les fonds qui ont des critères ESG.
Les institutions financières (banques, assurances, sociétés de gestion) doivent désormais classer leurs fonds en fonction de différents critères. L’objectif est de fournir des informations claires et comparables sur la durabilité de leurs fonds, selon la classification suivante :
Règlement Taxonomie Verte Européenne : Cette réglementation classe les activités économiques considérées durables selon 6 grands objectifs et des principes. Un % d’alignement à la taxonomie verte indique à quel point le placement peut être considéré comme durable.
En consultant les labels accordés par des organismes indépendants, vous pouvez vérifier que le support répond à certains critères de financement d’activités responsables :
Les différents labels français
– Le label ISR : Créé par l’État français, le label Investissement Socialement Responsable identifie les fonds intégrant une dimension responsable dans la gestion de leurs investissements. Cette dimension responsable englobe la prise en compte de critères ESG dans le processus d’investissement.
– Le label Relance : Mis en place par l’État français suite à la crise liée à la pandémie de Covid-19, le label Relance répond aux besoins de financement des entreprises françaises en mobilisant l’épargne pour relancer l’économie, tout en respectant des critères ESG.
– Finansol : Attribué par l’association FAIR, le label Finansol vise à promouvoir les fonds adoptant une démarche solidaire et inclusive, notamment en soutenant l’insertion, le logement social et le commerce équitable.
– Greenfin : Créé par l’État français en faveur de la transition énergétique et écologique, le label Greenfin assure la qualité écologique des fonds d’investissement.
Investir directement dans des entreprises ou des projets
Si vous souhaitez épargner de façon responsable, vous n’êtes pas obligés d’investir au travers d’un fonds. Vous pouvez aussi sélectionner vous-même des actions d’entreprises en fonction des informations extra-financières disponibles. Certaines sociétés ont même l’obligation de publier ce type d’informations au travers de la déclaration de performance extra-financière (DPEF)
Quels sont les bons réflexes pour investir de façon responsable ?
Avant de se lancer dans l’investissement responsable, il est important de s’interroger de la même manière que pour un investissement classique (objectif, durée de placement, épargne de précaution, frais, etc.).
Et n’hésitez pas à questionner votre conseiller bancaire ou d’épargne pour en savoir plus sur l’épargne responsable.
Afin de vous aider votre dans votre prise de décision, vous pouvez consulter ces ressources complémentaires :
– Connaître l’empreinte écologique de votre épargne https://agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/finances/finance-durable/rift-outil-pour-connaitre-impact-ecologique-epargne
Aujourd’hui, on entend de plus en plus parler de Green IT et de Numérique Responsable. Une des composantes principales de ces concepts vise à faire de l’écoconception dans le secteur du numérique (équipement ou logiciel).
Pourquoi faire de l’écoconception ? Quand doit-on le faire ? Qui est concerné ? Comment écoconcevoir concrètement nos services numériques ? Cet article a pour but de répondre à ces questions et briser quelques mythes qui circulent.
Qu’est ce que l’écoconception ?
L’écoconception dans le numérique, c’est concevoir des produits, services et équipements avec une démarche préventive consistant à intégrer la protection de l’environnement dès l’expression du besoin.
L’écoconception des services numériques n’est pas uniquement une recherche d’optimisation, d’efficience ou de performance mais une réflexion plus globale sur l’usage des technologies afin qu’ils soient le plus sobre possible.
Concrètement elle a pour objectif de réduire la consommation de ressources informatiques et l’obsolescence des équipements (augmenter la durée de vie), qu’il s’agisse des équipements utilisateurs ou des équipements réseau ou serveur.
On pourrait également parler d’éco-socio-conception qui ajoute la prise en compte de l’ensemble des utilisateurs du service numérique. On intègre alors des éléments d’e-accessibilité et d’inclusion numérique. Car pourquoi s’occuper de la planète et pas de ses habitants ? Nous publierons un article sur la socio-conception prochainement afin de montrer pourquoi cela nous concerne tous et comment prendre en compte la performance sociale dans nos projets.
Pourquoi parle-t-on de l’écoconception ?
Pour répondre à cette question, il est dans un premier temps important de faire face à ces constats concernant l’impact du numérique dans nos vies et sur l’environnement :
En 2022, un Terrien aurait en moyenne 8 équipements numériques contre 15 pour un Français (dont 10 écrans) selon l’ADEME. Il y a 10 ans ce chiffre était de 6,5. De plus, en 2018, il y avait 34 milliards d’équipements numériques sur Terre. Ce chiffre en augmentation constante se rapprocherait des 50 milliards en 2023.
Pour fabriquer ces différents équipements numériques, cela nécessite beaucoup de ressources naturelles. Par exemple, pour fabriquer un ordinateur de 2kg, cela nécessite 800kg de ressources naturelles (600kg minéraux, 200kg d’énergies fossiles) selon l’ADEME. Dans ces 800kg ne sont pas comptés les milliers de litres d’eau utilisés pour les différents processus industriels.
Aujourd’hui, un français change de téléphone tous les 2 ans. L’obsolescence en est la cause. Qu’elle soit technique avec des terminaux moins robustes et des services demandant toujours plus de performances, ou qu’elle soit psychologique avec l’envie d’avoir un appareil à la pointe, pas beaucoup plus performant mais vendu comme tel.
Derrière chaque nouvelle technologie se trouvent divers effets rebond. L’effet rebond désigne un phénomène observé lorsque les économies d’énergie attendues avec l’utilisation d’une ressource ou d’une technologie plus efficace énergétiquement ne sont pas obtenues, voire aboutissent à des sur-consommations, à cause d’une adaptation des comportements. Voici un exemple ci-dessous illustrant l’effet rebond causé par l’adoption de la 5G.
Dans ce diagramme n’apparaissent pas les multiples autres effets rebonds causés par le 5G comme l’obsolescence perçu d’un téléphone avec une antenne qui nous en fait racheter un nouveau, ce qui veut dire qu’il faut fabriquer une puce 5G, qu’il faut que le territoire soit couvert donc que des travaux soient menés pour installer des antennes 5G, elles même fabriquées et pas en France, etc.
Les équipements numériques sont donc le plus gros problème. En France, l’étape de fabrication représente 80% de l’empreinte carbone du numérique selon GreenIT.fr contre 44% dans le monde. Cependant, l’étape d’utilisation reste nécessaire à aborder car elle est de plus en plus hors de contrôle.
En 2023, entre 10% et 15% de l’électricité mondiale alimente le numérique et cela ne cesse d’augmenter. En France, notre énergie est certes en majorité décarbonée donc on pourrait se dire que ce n’est pas notre sujet. Cependant, la pollution et le réchauffement climatique n’ont pas de frontières et certains de nos voisins, parfois même très proches, ne produisent pas tous de l’énergie en majorité décarbonée donc nous en subissons également les conséquences. De plus, beaucoup d’entreprises françaises hébergent leurs données dans le monde entier que ce soit dans des data centers on premise ou sur le cloud.
D’après une agrégation d’étude effectuée par Statista, le volume de données échangées est passé de 6,5 Zettaoctet en 2012 à 97 Zettaoctet en 2022 (sachant que 1 Zo = 1 milliard de To). Ce chiffre devrait certainement atteindre les 181 Zettaoctet en 2025. Il est donc impératif de repenser nos usages de la données.
En résumé, si l’on parle d’écoconception, c’est qu’il est nécessaire aujourd’hui de cadrer le numérique, pas seulement sur un aspect économique mais aussi d’un point de vue environnemental. Pour cela, nous pouvons agir sur plusieurs points :
Le nombre d’équipements en utilisant des équipements existants le plus possible et mutualiser les usages sur un seul et même équipement;
Leur fréquence de renouvellement en développant des services interopérables sur plusieurs générations de systèmes d’exploitation et en permettant d’utiliser son service avec le moins de performance possible (client ou serveur) afin d’éviter l’usure des composants.
Leur consommation d’électricité en faisant tout pour que le temps passé sur le service soit le plus productif possible;
Les volumes de données consommées en ne générant et conservant que des données utiles, utilisables et utilisées.
Deux mythes à briser sur l’écoconception :
Le développeur peut régler ce problème en codant de façon plus écologique !
Que veut dire “coder de façon plus écologique” ?
Cela s’apparente à effectuer plusieurs actions au niveau des paramétrages serveurs et du code afin de réduire la charge sur le serveur et donc la consommation d’énergie lors de la navigation.
Comment ? En limitant le poids des éléments, le nombre de requêtes entre le site et le serveur, etc. Un ensemble d’optimisations permettant d’améliorer les performances d’un service afin d’être moins énergivores.
Le développeur pourra bien sûr optimiser votre service mais il ne pourra pas le rendre foncièrement plus sobre. Or, l’un ne doit pas aller sans l’autre, c’est en étant plus sobre que nous améliorons d’autant plus concrètement la performance environnementale.
Et pour être plus sobre, il faut agir en amont du développement et donc en amont de la phase de réalisation, au moment de l’expression du besoin et de la phase de conception pour de meilleurs résultats. En effet, le service numérique ayant l‘empreinte la plus faible est celui qu’on ne développe pas !
Faire de l’écoconception c’est du temps et de l’argent !
L’investissement de départ en argent et en temps est un peu plus important quand on fait de l’écoconception car l’on doit constamment questionner l’utilité de telle ou telle fonctionnalité et les inscrire dans un processus durable. Cela peut prendre du temps au début. Cependant, c’est en prenant ce temps dès la conception du service que nous parviendrons à rendre cet investissement de départ marginal et un facteur de réduction des problèmes de maintenance et d’évolutivité.
Le service écoconçu cible concentrera uniquement des fonctionnalités essentielles, dans un monde où 50% des fonctionnalités développées des services numériques ne sont pas ou presque jamais utilisées. Il aura des coûts de maintenance réduits et aura à sa disposition une infrastructure adaptée au juste nécessaire et donc plus économique.
Enfin, il sera plus simple à maintenir et à évoluer et donc aura une durée de vie plus longue.
J’achète ! Par où commencer ?
L’écoconception s’articule autour de toutes les parties prenantes d’un projet, tout le long de son cycle de vie. En phase de conception, de réalisation, d’exploitation et de maintenance, et même en fin de vie !
Voici donc toutes les équipes concernées :
Direction
Métier
Chefferie de projet
Design
Développement et Test
Architecture Métier et Entreprise / Architecture Solutions et Applicatives / Architecture Technique et Matérielle
En phase de conception les équipes de chefferie de projet sont mobilisées avec les métiers pour établir une stratégie qui permet de déterminer et de suivre la pertinence, les enjeux et le pilotage de la conception du service numérique. Dans le cadre de l’expression du besoin et de la réponse à ce dernier, un travail sur les spécifications du service sera également à faire. Les spécifications regroupent les éléments de cadrage projet, les moyens mis en œuvre, les objectifs et contraintes du projet sur toute la durée de vie du service numérique.
Une fois les spécifications fonctionnelles établies, les équipes de design auront pour but de définir les meilleures solutions d’interactions destinées aux utilisateurs. Pour ce faire, elles devront prendre en compte tous les documents et médias informatifs ajoutés au service numérique par des personnes contributrices et disponibles pour l’utilisateur final ainsi que leurs impacts environnementaux.
Ensuite, les architectes solutions auront pour objectif de concevoir des architectures en prenant en compte en particulier l’impact environnemental des solutions choisies et surtout leur durabilité. Les architectes techniques auront pour objectif de proposer une infrastructure au juste nécessaire sans surdimensionnement et de favoriser les hébergements les moins polluants. Les architectes matériels devront quant à eux pousser l’utilisation au minimum d’équipements et si cela est obligé, qu’ils soient durables et adaptés aux besoins de l’utilisateur final.
Enfin, pendant la réalisation, l’équipe de développement devra veiller à diminuer les besoins en ressources de ce qui est développé. Le frontend étant souvent plus gourmand en ressources, une attention particulière est exigée pendant son développement.
Pendant toute la vie de nos services numériques, il est donc nécessaire de les suivre pour savoir ce qui existe dans notre portefeuille d’applications, mutualiser certaines fonctionnalités avec des futurs projets, etc.
En fin de vie du service, il est important de le décommissionner afin de réduire les coûts (et donc la consommation d’énergie), de rationaliser et sécuriser le SI et même de valoriser des équipements ou des données.
Le Référentiel Général d’Écoconception des Services Numériques (RGESN) pour agir plus concrètement
Pour aller plus loin dans la démarche d’écoconception, n’hésitez pas à vous renseigner sur le RGESN, référentiel regroupant des actions concrètes à mettre en place.
Une corde à notre arc en plus pour combattre les effets néfastes de l’activité humaine sur le monde
Écoconcevoir des services numériques ce n’est pas que faire du Green Code pour ces 3 raisons :
Il s’agit d’embarquer toutes les parties prenantes du service, au-delà du projet seulement, de l’expression du besoin par le métier jusqu’à sa fin de vie, en passant par sa conception et son exploitation. Ce serait trop simple de placer tous nos espoirs sur une seule et même équipe alors qu’il n’y a qu’ensemble que nous pourrons avoir un impact significatif.
Si ce n’était qu’une histoire de code, nos leviers d’évitement et de réduction d’empreinte environnementale seraient trop peu nombreux et le cœur de notre action ne serait constitué que d’actions d’optimisation de la consommation de ressources informatiques. On oublierait donc les principaux : l’impact des équipements numérique et les effets rebonds additionnels.
Écoconcevoir c’est surtout essayer de ne pas développer ! On développe aujourd’hui tellement de fonctionnalités n’apportant pas ou peu de valeur que l’écoconception se doit d’être un catalyseur de développements de valeurs.
En conclusion, il est aujourd’hui indispensable de se mettre en marche dans la prise en compte de la performance environnementale dans vos projets de conception et dans l’exploitation de vos services numériques. Au-delà d’une démarche citoyenne, c’est une démarche pour nous même qui a pour but de ne délivrer que de la valeur utile et non destructrice.
De plus, dans un contexte légal en constante évolution dans ce domaine, faire de l’écoconception est une manière de respecter la loi REEN et d’anticiper toute loi ou mise à jour de cette loi à venir qui pourrait obliger d’afficher l’empreinte environnementale des activités des entreprises. C’est aussi une manière d’attirer de nouveaux talents, conscients des enjeux du monde de demain, à rejoindre des entreprises engagées pour la planète.