18 mai 2021
– 3 min de lecture
Outre l’offre bancaire classique, la France compte plus de 600 FinTechs, dont pas moins de 150 PayTechs. Bonne nouvelle au niveau de l’offre, mais comment s’y retrouver au moment du choix de solution de paiement, que l’on soit commerçant, marketplace, fournisseur de service en ligne, association…
Les critères à prendre en compte sont multiples dans le choix de son PSP. Concentrons-nous ici sur le critère économique, autour de 7 questions visant à :
- Evaluer les coûts des solutions de paiement
- Et s’assurer que la comparaison s’applique à des prestations comparables…
1. Quel est le positionnement du PSP ?
Derrière le check-out ou plus généralement l’ordre client, nombreux sont les intervenants dans la chaîne de paiement. Les stratégies fournisseurs varient largement :
- De l’orientation one-stop-shop, intégrant des partenaires pour apporter une solution plus complète au client,
- A un positionnement de spécialiste, sur un maillon de la chaîne…
Le couplage Acceptation / Acquisition illustre cette problématique de périmètre, avec ses conséquences directes sur l’analyse des coûts :
- Acceptation ET Acquisition (one-stop-shop) Certains PSP proposent une prestation intégrant acceptation et acquisition. Ils s’appuient sur leurs partenaires pour l’acquisition, sélectionnés pour raisons d’appartenance au même groupe financier ou dans le cadre de négociations tarifaires massifiées.
- Acceptation seule D’autres permettent au client de choisir son acquéreur. La solution de paiement intervient dans ce cas en tant que passerelle technique, routant les flux vers l’acquéreur retenu par le client. Cette configuration permet au client de conserver / renforcer sa relation avec son acquéreur, auquel il peut avoir confié d’autres prestations et négocié des conditions particulières, notamment sur les transactions On-Us…
2. Quelle est votre maîtrise de vos volumes d’opérations de paiement ?
« La prévision est difficile surtout lorsqu’elle concerne l’avenir… ». Au moment du choix d’une solution de paiement, il peut être difficile d’évaluer les volumes d’opérations, leur répartition par moyen de paiement…
S’ils sont bien maîtrisés, les propositions plus détaillées (jusqu’à 25 paramètres recensés dans notre grille d’analyse) pourront permettre d’optimiser les coûts, au prix d’un engagement dans la durée, de minima de volumes, de conditions de modification et de sortie….
Dans l’autre cas, les propositions plus flexibles et plus intégrées seront plus adaptées à un modèle économique à prouver.
3. Quelle palette de moyens de paiement ?
Les nouveaux PSP se sont d’abord développés sur le modèle de la carte, en tant que moyen de paiement privilégié des clients, en ligne et en magasin.
Les autres moyens de paiement (Virement, Prélèvement…) ont depuis commencé à percer, notamment pour des raisons de coût à la transaction.
Le Virement Instantané va contribuer à élargir cette palette, en concurrence directe avec la carte, à la fois au niveau des coûts, mais aussi pour des paiements supérieurs aux plafonds cartes.
Au niveau de la comparaison des coûts, les PSP proposant ces différents moyens de paiement bénéficieront de coûts moyens inférieurs aux pure-players de la carte.
4. Faut-il prévoir des coûts complémentaires pour les retries, rejets, chargebacks, reporting… ?
Au-delà du traitement nominal des opérations, il est important d’intégrer aussi les cas d’exception (trop nombreux d’ailleurs, pour être qualifiés d’exceptions…).
Là encore, les PSP se distinguent entre :
- Ceux qui considèrent ces services comme indissociables du paiement ; dans une logique de cas d’usage (vision client) familière aux FinTechs, il est naturel d’intégrer ces services dans l’offre globale, sans surcoût / option spécifique ;
- Ceux qui les considèrent comme des services supplémentaires, dans une vision orientée fournisseur, considérant la rentabilité de chaque service qu’il propose et les coûts externes (interbancaire, schemes…) générés par chacun.
5. Quel impact sur la fraude et les charges internes ?
La fraude intervient dans la comparaison économique des PSP à 2 niveaux :
- D’abord dans l’efficacité de la gestion du risque que le PSP peut proposer, avec une performance à évaluer en matière de faux positifs / négatifs et dans la gestion de l’authentification forte (mode frictionless…). L’enjeu se mesure directement dans la perte de Chiffre d’Affaires et le montant des impayés.
- Ensuite, dans les moyens mis en œuvre pour la gestion des litiges et la relance pour impayé. Le service peut être proposé par le PSP ou assuré en interne par le Client, à prendre en compte dans la comparaison des coûts.
Outre la fraude, d’autres postes de charge interne sont touchés par le choix du PSP :
- Réconciliation & Reporting : les ressources dédiées au rapprochement des commandes et des règlements dépendent fortement de la qualité du reporting fourni par le PSP ;
- Traçabilité : la capacité offerte par un PSP d’accéder directement au statut d’un paiement dans la chaîne de traitement permet d’éviter les multiples échanges téléphoniques… ;
- Gestion des retries : la délégation au PSP de la représentation des paiements en échec peut libérer des ressources au sein de l’entreprise. Au-delà de l’existant, les opportunités d’optimisation ne manquent pas, dans la digitalisation des processus internes, comme la gestion des factures fournisseurs, la gestion des salaires… les fournisseurs spécialisés se développent en complément des éditeurs de solutions de comptabilité, paie… Le choix du PSP peut impacter ce potentiel d’optimisation, selon sa capacité à s’interfacer avec ces solutions, via ses API et les partenariats noués avec ces fournisseurs spécialisés.
6. Encaissement direct ou reversement ?
Au-delà des coûts de transaction, les offres des PSP peuvent aussi impacter la trésorerie. Deux modèles coexistent :
- Encaissement direct : Le client reçoit directement les fonds sur son compte ;
- Reversement : Les fonds sont collectés par le PSP, qui les reverse au Client selon des conditions de fréquence, montant minimum…, avec des délais jusqu’à 30 jours…
7. Quels coûts de mise en œuvre de la solution de paiement ?
Au-delà des coûts de fonctionnement traités plus haut, les coûts de mise en œuvre peuvent aussi varier :
- Les principales solutions du marché (CMS e-commerce) proposent des extensions ou plug-ins, à télécharger par le client, avec un support léger pour le paramétrage. Les coûts de projet sont négligeables dans ce cas.
- Dans d’autres cas, le déploiement donne lieu à un véritable projet, avec les ressources mobilisées côté client, auxquelles peuvent éventuellement s’ajouter des frais d’installation (set-up) facturés par le PSP.
En conclusion, la multiplication des PSP a apporté une plus grande richesse des services de paiement. Elle a aussi rendu plus complexe la comparaison des offres, au moment du choix du Prestataire de Services de Paiement.
Rien que sur le critère des coûts, la comparaison nécessite de prendre en compte le modèle économique du PSP, sa position dans la chaîne de bout en bout, la palette de moyens de paiement supportés, la fraude, les optimisations possibles sur les charges internes et les opportunités des solutions de digitalisation dans l’entreprise…
En rappelant toutefois que l’équation économique repose avant tout sur le taux de transformation client et que la fluidité du parcours de paiement proposé par le PSP précède la question du coût !
Alors, rendez-vous sur nos prochains articles sur le choix des solutions de paiement pour éclairer l’ensemble de ces critères.