31 mars 2025
Alexis GACHADOAT
Senior Consultant
Elle est au rendez-vous de presque l’ensemble des salons, conférences, webinar ou encore pause-café avant les premières réunions de la semaine et tend à devenir le principe clef dans l’intégration ou la mise en place d‘une plateforme data : La gouvernance de données.
Le mot peut paraître abstrait, brutal et directif mais tout l’enjeu est justement de la vulgariser un maximum pour la partager et évangéliser son adoption.
Il faut bien avoir conscience que si vous rencontrez des incidents liés à la qualité, la cohérence ou la fiabilité de vos données aujourd’hui c’est probablement lié soit à un manque de gouvernance soit à un manque de suivi de cette gouvernance.
Parce que mettre en place une plateforme permettant de brasser des Tera de data c’est bien mais le faire avec des principes clefs et des règles de sécurités c’est mieux, nous allons voir quelques notions clefs pour pouvoir mettre en place une gouvernance réussie.
Dans 76% des cas, la gouvernance existe mais elle est vite négligée au profit du time to market conduisant souvent à une perte de confiance des sponsors voir du déficit commercial.

Kezako la gouvernance de données ?
Sortant d’une mission de presque 6 ans sur le SI Data Architecture & Engineering chez Givaudan, je vais tenter de vous en donner ma définition et ma vision afin de vous familiariser avec le sujet.
Tout en ayant conscience qu’il n’est pas aisé de donner une définition simple de la gouvernance de données sans tomber dans un premier travers qui est sa mécompréhension conduisant inévitablement à sa dévalorisation puis sa négligence, je tente quand même ma chance :
Au-delà d’un simple ensemble de règles ou d’un outil, d’un concept ou d’une méthodologie, la gouvernance est un cadre stratégique qui regroupe à la fois l’ensemble des principes humains et machines liés aux acteurs de la data mais aussi la garantie du respect des normes et processus liés à l’utilisation de ces données.
Elle regroupe l’ensemble des pratiques et processus permettant de créer, maintenir, sécuriser et faire évoluer l’ensemble des data et metadata d’un SI.
C’est à la fois une déclinaison du RACI lié à la plateforme data et en même temps l’implémentation de ses règles de maintenance et d’utilisation. Le tout n’étant pas exclusif à la plateforme Data, mais doit s’inscrire dans la gouvernance SI dans son entièreté.
La gouvernance de données ne décrit pas uniquement la gestion de la donnée mais la politique contribuant à la manipuler et les responsabilités de chacun afin d’éviter les imbroglios de qui ou quel job a maintenu quoi, comment et pourquoi ?
Et c’est un point crucial à mettre en place dès l’introduction d’une nouvelle typologie de données en nommant un ou des responsables de la gouvernance de cette donnée qui auront la charge de documenter et garantir les règles d’ingestion, d’accès, d’enrichissement, dédoublonnage, maintenance, diffusion pour en citer quelques unes et en les faisant évoluer au grès de la politique d’entreprise.
Qu’est qui ne fait pas partie de la gouvernance de données ?
La gouvernance n’oriente pas les choix de plateformes, la mise en place d’une infrastructure. Elle n’est pas une composante de l’analyse d’une donnée ou dans le choix d’un scénario projet.
Pourquoi la gouvernance ?
Vous l’aurez compris quand le sujet traite de politique cela fait souvent vite fuir le business qui sera pourtant l’atout clé dans l’évangélisation de la pratique.
Les problèmes liés à un manque de gouvernance ont souvent pour résultat une initiative prise hors du champ de responsabilité ou un manque de clarté amenant des interprétations diverses voire faussées.
Les principaux piliers clefs permettant d’apporter un ROI notable de la gouvernance sont selon moi :
La Gestion et maintenance des métadonnées : Pour vulgariser un temps soit peu, les métadonnées sont le passeport des données. Les bonnes pratiques consistent à définir un modèle de métadonnées, à documenter les données et à mettre en place un catalogue de données.
Qualité des données : La qualité est essentielle pour prendre des décisions business éclairées. Les bonnes pratiques incluent la mise en place de processus de validation, l’utilisation d’outils de profilage et de nettoyage, et la définition de métriques de qualité.
Sécurité : La protection des données est une priorité absolue. Les bonnes pratiques consistent à mettre en place des contrôles d’accès, à chiffrer les données sensibles, à réaliser des sauvegardes régulières et à mener des audits de sécurité.
Conformité : protocol sécurisé d’échanges de données HIPP / instances réglementaires lié au stockage et à l’utilisation de la donnée. Le respect des réglementations est obligatoire. Les bonnes pratiques incluent la connaissance des réglementations applicables, la mise en place de processus de conformité et la désignation d’un responsable de la protection des données.
Politique et Standards: partager un socle de définition des données clefs de l’entreprise
Fiabilité : garantir la véracité d’une donnée à n’importe quel moment et n’importe quel endroit du SI
Et dans la pratique ça donne quoi ?
Tout d’abord, vous devrez avoir en tête les étapes clés pour pouvoir définir le cycle de vie de la gouvernance :
- Obtenir le soutien de la direction : La gouvernance des données est un projet d’entreprise qui nécessite l’engagement de tous les niveaux hiérarchiques.
- Effectuer un audit des données existantes : Identifier les manques et les redondances pour déterminer les axes de transformations.
- Définir une stratégie: Aligner la gouvernance avec les objectifs de l’entreprise.
- Mettre en place un comité de gouvernance : Définir les rôles et les responsabilités de chaque acteur.
- Sensibiliser les utilisateurs : Former les collaborateurs à l’importance de la gouvernance.
S’en suivent les bonnes pratiques pour s’assurer d’une mise en oeuvre efficace :
- Impliquer les métiers : Les utilisateurs finaux doivent être impliqués dans la définition des règles de gouvernance.
- Utiliser des outils adaptés : Choisir des outils de gouvernance qui répondent aux besoins spécifiques de l’entreprise.
- Adopter une approche agile : La gouvernance doit être évolutive et s’adapter aux changements de l’entreprise.
- Mesurer la performance : Définir des indicateurs clés de performance (KPI) pour évaluer l’efficacité de la gouvernance.
Les bénéfices de la gouvernance des données
- Amélioration de la prise de décision : Les données fiables et accessibles permettent de prendre des décisions plus éclairées et de réduire les risques.
- Augmentation de la productivité : Les équipes passent moins de temps à chercher des données et peuvent se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.
- Réduction des coûts : La gouvernance permet d’éviter les erreurs coûteuses et d’optimiser l’utilisation des ressources.
- Amélioration de la réputation : Une bonne gouvernance des données renforce la confiance des clients et des partenaires.
Les défis et les tendances
- Les défis :
- La complexité des environnements de données : Big data, cloud, IoT.
- La résistance au changement : Impliquer les utilisateurs peut être difficile.
- Le coût des investissements : La mise en œuvre d’une gouvernance peut représenter un coût important.
- Les tendances :
- L’IA au service de la gouvernance : L’intelligence artificielle peut automatiser certaines tâches de gouvernance.
- La gouvernance des données dans le cloud : Les enjeux spécifiques du cloud.
- La gouvernance des données personnelles : Le respect des réglementations comme le RGPD.
La gouvernance des données est un voyage, pas une destination. Elle nécessite un engagement continu de la part de tous les acteurs de l’entreprise. En suivant les bonnes pratiques et en s’adaptant aux évolutions technologiques, les entreprises peuvent tirer pleinement parti de leurs données et gagner en compétitivité.