14 janvier 2020
– Lecture de 2 mn
Samaila Ibrahim
Avec 30 milliards en 2020 alors qu’ils n’étaient encore que 5 milliards hier, les objets connectés deviennent omniprésents dans les entreprises. Ils impactent la relation client, permettent de créer de nouveaux usages et introduisent de nouveaux modèles de business.
Cependant, de nombreuses organisations se trouvent mal préparées pour faire face à la profondeur et à l’ampleur d’un tel changement. Heureusement, ces mêmes entreprises disposent déjà en interne d’une expertise pouvant faciliter la transformation à plusieurs niveaux : l’architecture d’entreprise.
Quelles sont les grands familles d’architectures autour de l’IoT ?
Avant de parler du rôle des facilitateurs, intéressons-nous aux types d’architectures autour des objets connectés que nous pouvons regrouper synthétiquement en 4 grandes familles :
- Device to Device (appelée aussi machine to machine M2M) : Les objets connectés, au sein d’un même réseau local, se connectent généralement à l’aide de protocoles sans fil (Bluetooth, WIFI, …) ou via des connexions physiques.
- Device to cloud : les objets connectés se connectent directement au cloud, généralement à travers le réseau longue portée (réseau mobile classique, réseau dédiée aux objets connectés, …). Les données sont ensuite analysées et mises en valeur.
- Device to Plateform : les objets connectés transfèrent les données vers le cloud via une plateforme. Cette dernière recueille, centralise et communique les données au cloud par le biais d’une connectivité réseau supplémentaire (réseau mobile, WIFI, réseau filaire, …)
- Cloud to cloud : cette architecture est axée sur un processus de cloud décentralisé. Chaque structure possède son cloud privé de gestion des données mais aussi partage ses données dans un cloud central accessible par des tiers. Prenons l’exemple d’un bâtiment intelligent qui reçoit des données provenant de thermostats intelligents et d’ampoules électriques intelligentes. Les données sont stockées dans un cloud privé à ce bâtiment. Ensuite, Les données peuvent être transférées dans un cloud public plus important (à l’échelle de la ville) pour permettre des analyses plus globales.
L’architecture d’entreprise comme vecteur de la transformation…
Aujourd’hui et plus que jamais, il devient impératif pour les entreprises de briser les cloisonnements organisationnels afin de maximiser la valeur produite de bout en bout dans l’ensemble de l’entreprise et le service rendu aux clients.
Dans cette optique, l’architecture d’entreprise a pour rôle d’aider les entreprises à tirer bénéfice de la transformation induite par le déploiement des objets connectés. Réussir cet accompagnement passera, pour l’architecture d’entreprise et les parties prenantes, par des réflexions autour de (liste non exhaustive) :
- La gestion des données massives : les premiers déploiements autour des objets connectés à grande échelle au sein des organisations, produisent des données qui sont souvent cloisonnées et fragmentées (souvent au reflet de l’organisation), ne permettant pas de fournir le niveau d’information nécessaire pour justifier de lourds investissements. Sans structure appropriée, la quantité de données s’avère écrasante et les informations les plus utiles seront noyées. Pour maximiser la valeur produite par ces données, l’architecture d’entreprise contribuera à la stratégie et l’opérationnalisation des données provenant des dispositifs connectés au sein de l’organisation. L’architecture d’entreprise peut également aider à identifier les données les plus pertinentes, les responsables de ces données et les responsables de la sécurité pour structurer ces données de manière à atténuer les risques liés à leur exploitation.
- L’interconnexion et l’interopérabilité des composants : Pour tirer le meilleur parti des objets connectés, les interconnexions entre les appareils doivent être identifiées et les murs qui les séparent démontés. C’est là que l’architecture d’entreprise entre en jeu. Cette dernière peut tirer parti de l’interconnectivité des dispositifs intelligents, en les regroupant pour mesurer l’impact potentiel ou pour former de nouveaux cas d’usage. Plus globalement, l’architecture d’entreprise peut utiliser le vecteur des objets connectés pour insuffler une nouvelle dynamique organisationnelle dans l’entreprise.
- Les nouveaux cas d’usage et la création de valeur : L’architecture d’entreprise aura pour rôle de comprendre les caractéristiques d’une technologie IoT spécifique et d’accompagner les parties prenantes de l’entreprise à identifier les opportunités commerciales que les IOT offrent. L’architecture d’entreprise sera alors en mesure de fournir une vision et des cas d’usage bien plus qu’une simple liste d’idées technologiques « dans l’ère du temps ». Par exemple, elle pourrait fournir une compréhension générale de l’impact des technologies sur les entreprises, des informations qu’elles exposent et la valeur ajoutée de ces informations.
Sans oublier de renforcer la gestion des risques technologiques…
Face à la diversité des objets connectés et à l’interconnexion avec le legacy, la gestion des risques est devenue un sujet majeur pour l’architecture d’entreprise. En partenariat avec des spécialistes de l’intégration, des experts fonctionnels et des fournisseurs, l’architecture d’entreprise aura à planifier et à participer à la mise en œuvre d’une gestion des risques des plus rigoureuses. Une liste des risques à gérer couvrant notamment :
- La cybersécurité : De plus en plus d’attaques se concentrent sur les objets connectés (Kaspersky a recensé 105 millions d’attaques contre des objets connectés au premier semestre 2019) à travers des attaques DDOS ou par botnet. Par conséquent, la vision traditionnelle de la sécurité axée sur une approche de la sécurité de l’information devra évoluer vers une approche de gestion des risques de sécurité. La cybersécurité et les plans de reprise des activités devront devenir des piliers de la stratégie IT de l’entreprise pour, d’une part, sécuriser la valeur produite et, d’autre part, pour maintenir et/ou rehausser l’image de l’entreprise auprès de ses clients.
- La gestion de l’information : la masse des données produite est susceptible de mettre à mal l’infrastructure existante. Un vrai plan de gouvernance et un cycle de vie des données sera impérativement à définir. Par exemple, l’architecture d’entreprise aura à travailler avec toutes les parties prenantes afin de définir, entre autres, la plage de temps pour laquelle une donnée est encore utilisable ou encore les données à archiver.
- La gestion des fournisseurs et des sources d’approvisionnement : Il s’agit de coordonner les anciens et les nouveaux fournisseurs et partenaires technologiques afin de créer un système d’information le plus homogène possible dans le but d’améliorer l’efficacité financière du SI mais aussi afin de faciliter son évolution.
- La gestion de l’interconnexion avec le système legacy : En place depuis des années, les systèmes legacy jouent un rôle opérationnel central dans les entreprises. La cohabitation des deux types de systèmes (le legacy ayant un cycle de vie plus long et les objets connectés avec des cycles de vie plus courts) sera un défi de taille pour l’entreprise. Pour faciliter cette interconnexion, l’architecture d’entreprise sera notamment en charge de la gestion de la coordination des différents acteurs et de la gestion de l’intégration afin que cette cohabitation soit en mesure d’apporter les bénéfices attendus mais aussi de continuer à garantir la continuité du business.
Avec pour seul but de réussir sa transformation…
Pour conclure, en combinant des technologies innovantes (notamment les objets connectés), des modèles de business innovants et une volonté forte de toutes les parties prenantes, Il est possible de créer un effet « disruptif » dans le modèle organisationnel et dans le business de l’entreprise. Dans cette dynamique, l’architecture d’entreprise doit être au centre de la stratégie de l’entreprise et être un des principaux accélérateurs (et moteurs !) de la transformation.